Elle arrive comme une plume, légère et blanche, presque virginale. Impressionnée par ce grand théâtre muet et silencieux, sans doute amidonné une connaissance que trop floue de Feist, auteur, compositeur et interprète Canadienne.

Il est vrai que son tout premier album vient de sortir, ce qui explique que Feist ne soit pas encore la deuxième meilleure copine du public de Dani qui allait suivre. Cet album cependant bien poussé par son opulente maison de disques, faut il le rappeler, a toutes les chances de se faire accueillir à bras ouverts dans les chaumières Carla Brunisées. L’ami et pitre Gonzales à la production a su apporter un trône de délicatesse et subtilités jazz pour la voix magnifique, à la fois claire, douce et un peu brisée de Feist. Sur scène elle décide de venir accompagnée d’une guitare électrique, son côté rock dont elle ne peut se défaire, et quatre musiciens disposés en cocon autour d’elle.

Elle semble peu sûre d’elle ou pas motivée, on pourrait facilement accuser le public, gentil mais mollasson. Il faut avouer aussi, les chansons tendent plus vers la berceuse que le rock endiablé, calmes de nature et jazz de culture, elles se voient dépouillées sur scène de leur instrumentation, réduite la plupart du temps à quelques caresses de cimbales et hand clapping, afin de mettre en valeur la jolie voix de mademoiselle Feist. Elle a raison, sa voix émerveille… jusqu’à Alice au pays des merveilles, où la heureux événement, sur un morceau Feist sample sa voix, chante sur sample en enregistrant à nouveau, forme ainsi des strates de voix, qui résonnent un peu partout dans le corps. Sans conteste, c’est une fort belle idée, Feist maîtrise, ça se voit. When I was a young girl, chanson folk traditionnelle sortie des archives d’Alan lomax, aux paroles tristes fait évidemment un tabac. Seul hic, les morceaux ne vivent que par la voix - j’ai d’ailleurs l’impression tenace que l’un des musiciens va s’écrouler de sommeil s’il ne frappe pas son triangle au cours des deux prochaines minutes - ce qui pose un léger problème de monotonie. Une petite salle intimiste aurait finalement bien plus servi ce concert.