Très belle prestation de Jeanne Balibar, qui a réussi à séduire les plus sceptiques (dont moi) ! Avec un jeu de scène réduit au minimum, immobilisme hypnotique, elle entame calmement le concert dans le très beau Théâtre Jacques-Cœur d’une voix troublante de gravité.

Elle est entourée d’un groupe au professionnalisme impeccable, dont Rodolphe Burger à la guitare (qui a produit son album Paramour) qui truffe les morceaux de son jeu magnifique, blues chaleureux et utilisation judicieuse de samplers et effets, une batterie toujours jouée aux balais ce qui donne une certaine rondeur même aux morceaux les plus rocks.  L’ambiance est sombre, langoureuse, Jeanne interprète les morceaux, en anglais ou en français, de façon lente et gracieuse. On pense parfois au Bonnie and Clyde de Gainsbourg quand Rodolphe Burger donne lui aussi de la voix. Jeanne Balibar chante et se déplace sur scène avec un léger amateurisme charmant, sa voix parfois à la limite de la justesse et partant un peu dans tous les sens, ce qui donne un contraste ravissant avec les musiciens très pros qui l’entourent. Grave et un peu poseuse, elle n’en fait pour autant jamais trop, comme si elle-même découvrait en même temps que nous avec un peu d’étonnement ce dont elle est capable.

Un spectacle presque magique, jusqu’au rappel ou Jeanne revient sur scène avec une gestuelle curieusement déliée et désinhibée (euphorie de fin de concert ou conséquence chimique ??) pour reprendre Les Petits Papiers. C’est ensuite avec un peu de peine qu’on s’extrait de nos fauteuils rembourrés.