On a définitivement perdu RADIOHEAD.
Le groupe nous a échappé, échappé aux normes,
aux repères, aux comparaisons. RADIOHEAD ne renie en rien le tortueux,
"brazilien" univers sonore et lyrique créé avec "Ok Computer",
et l'explore un peu loin, comme poussant avec "Kid A" une porte de ce
monde restée close jusqu'aujourd'hui. La formule du combo rock - les cinq types penchés sur leur instrument - est reléguée aux oubliettes. Les membres du groupe sont autant de compositeurs, producteurs et accessoirement interprètes. Une des plus importantes révolutions causées par l'émergence des musiques électroniques a été la reconnaissance du personnage du producteur dans le processus de la création musicale, aujourd'hui (sans avoir attendu RADIOHEAD) cette révolution atteint l'univers du rock et promet de belles perspectives. Les gars de RADIOHEAD sont devenus des sorciers du son, sorciers au service d'émotions, de douleurs, de cris exprimés par leur chansons. La musique de RADIOHEAD vient des tripes, s'accouche dans une débauche de traitements électroniques, de beats ou de samples, mais vient des tripes pour toucher son auditeur aux tripes lui aussi. L'album s'ouvre avec deux titres très
retenus, intimistes : "Everything in its right place" et "Kid A". Instrumentation
très resserrée autour de la voix de Thom Yorke et des parties
de claviers. L'envolée se fait avec "The national anthem" et "How
to disappear completely" ou le groupe laisse exploser toute la tension
accumulée sur les deux titres précédents et atteint
un lyrisme poignant. La guitare n'est que longs feedbacks et glissés
sous reverb. Exit les violents tronçonnages overdrivés de
"Ok Computer", la guitare n'est désormais qu'une source de complainte
parmi d'autres, en aucun cas un support rythmique. Thom York tient des
parties de chœurs si présentes que l'on ne sait plus quelle partie
vocale soutient l'autre. Sur "National anthem" les cuivres évoquent
Mingus, le bass-line est rigoureusement énorme. Cet album s'inscrit parfaitement dans la
voie ouverte par "Ok Computer" et poursuivie par les faces B en accompagnant
les différents singles extraits. Se reporter au brillant mini-album
"No surprises-Running from demons" pour parfaite démonstration. RADIOHEAD - Kid A (emi)
FunkyRate : RADIOgraphie (non exhaustive, LP only, sinon on s'en sort plus) : Web Destinations :
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