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REM
Reveal AIR 10,000hz Legend Mùm Yesterday was dramatic. Today is OK. par Quentin Dève
3 groupes en 3 lettres R.E.M / Air / Múm Qu'ont en commun Air, Mus, Cex, Neu, REM, Cex, XTC, OP8, NTM, Low, Can, Ash, Bed, Múm, Ant, Kim ?? Eh ben, ce sont des groupes en trois lettres. Et c'est recemment que 2 tenors et un"minor" ont sorti des disques qu'il me tient a coeur d'évoquer ici.
En premier lieu,à tout seigneur tout honneur, le nouveau REM. Après la renaissance inespérée de "UP", la bande de Michael Stipe était attendu au virage. REM n'a rien d'un groupe experimental, et se confine à un pop-rock classique, mais qu'il est le seul a pouvoir réciter. Même si, d'apparence, les chansons se ressemblent, on découvre derrière elles quelque chose qui prend aux tripes. La voix de Stipe se veut toujours aussi délicate et porteuse d'émotions (le superbe "I'll take the rain") et reste l'atout majeur du groupe. Oublions des paroles parfois un brin mélo et reconnaissons qu'on aime à chanter ce disque. "Reveal" contient des tubes en puissance (le single "Imitation of life", "All the way to Reno") dans lesquels le groupe a disséminé ça et là des violons ("She just wants to be"), des bruits électroniques et même des paroles en francais (sur "Beachball"). REM surprend. On ne voit pas toujours où il frappe, ni comment, ni pourquoi, mais toujours il frappe, fort.
Le disque français le plus attendu de l'année est incontesatablement 10,000hz Legend. Les parisiens de AIR avait à peine apaisé l'impatience avec l'excellent mais rapidement oublié Virgin Suicides, l'an passé. AIR ne change pas d'atmosphère (Ah ! Ah ! j'ai pas pu m'empêcher de la caser, celle-là), et convainct même les sceptiques dont je faisais moi-même partie. Plus chanté que le culte "Moon Safari", ce nouvel album est une merveille, entre psychédélique et electro, car s'il y a sûrement du Pink Floyd, il y a aussi du Kraftwerk. Mais en fait, AIR souffre un peu de ces comparaisons, ayant essentiellement comme point commun le désir d'élargir l'horizon sonore. Pour cela, le duo a su s'entourer : l'inattendu Jason Falkner, la révélation Lisa Papineau, Buffalo Daughter, Beck (dont je ne trouve pas la présence si souhaitable ici). L'album bourgeonne de sonorités candides, de trouvailles ingénueuses et de pépites certifiées 24 carats. De "Lucky and Unhappy" a "Don't be light" en passant par "Sex Born Poison", on respire un air euphorisant. "How does it make you feel ?"
Múm ne connait ni le succés de REM ni celui de AIR, mais mériterait une véritable glorification. Derrière un titre plein d'optimisme ("Yesterday was dramatic. Today is OK."), ce qui est trop rare, se cache une musique éléctronique qui se déguste savoureusement. Derrière, une rythmique évoquant l'écurie Warp Records (Autechre), devant, des mélodies de cordes, des mélodies synthétiques, des mélodies pleine de vérité. Múm laisse planes des souvenirs forcément subjectifs ("Smell memory") et triture l'esprit en bidouillant ses machines, domptées subtilement. Les Islandais (décidément) se font une place à part entière dans l'electronica et puise leur force dans leur génie d'assemblage. L'electro c'est un peu comme les LEGO, on peut créer à l'infini avec des pièces semblables. Saccadé, suprenant ou exotique, c'est un album idéal pour tous les amateurs de musique électronique, pour ceux qui ont le courage de franchir les terrains banalisés. 3 disques donc, 3 groupes, 3 lettres. A acquérir en même temps, il est important de diversifier les plaisirs, surtout quand ils sont aussi somptueux. REM -
Reveal (Warner)
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