Retrouvailles avec le groupe dans son propre environnement.

Un brin de déception un an auparavant; une prestation ankylosée a la Route du Rock 99. Qu'importe, j'arpente les rues de Glasgow a la recherche du Nice n' Sleazy.

Surprise. Un bar relativement minuscule. Personne ne montre la moindre marque d'émotion a l'idée de voir Arab Strap. Aidan Moffat est seul a une table, dialoguant avec lui-même, déjà bien emprunte par quelques pintes d'une Mc Ewans parfaitement fraîche.

Salle étroite et proximité avec les acteurs. Une heure d'attente. Le groupe arrive sur scène. En guise de bienvenue, Aidan tend fièrement son verre, balbutiant quelques mots d'excuse pour le retard.

Et la, et la... tout devient comme magique. La prose se pose sur une mélodie jouissive et provoque un fou rire général de l'assistance, un peu novice quant a ce genre d'introduction pour le moins crue: "It was the biggest cock that you'd ever seen" (C'etait la plus grosse bite que tu n'avais jamais vue).

L'attention de tous est gagnée. Du fond des tripes, chacun est envahi par une puissance inconnue, secoue par un véritable vent de violence intérieur.

Et de la beauté. Ah!! De la beauté. Adele Bethel entre en piste. Pas un regard pour l'assemblée. Personne ne sait d'où elle vient. Elle ferme les yeux et souffle un "Afterwards is best" qui donne à tout le monde envie de la croire, tant candeur et sincérité se dégagent de son visage sans age. Avant même la fin de la chanson, elle se retire comme gênée de s'être livrée. Elle laisse pourtant les spectateurs en proie aux égarements les plus nébuleux.

L'enchaînement ne tarde pas. La transe non plus. La rage mélodique d'un inégalable "Girls of Summer", que le groupe, sadique, se plait a faire durer indéfiniment, annonce une fin arrivée trop vite.

Et ce rappel. Court. Adele revient. Inoubliable "Pyjamas". Un "Pyjamas" qui résonne encore dans ma tête.

Le lendemain, je parcours les disquaires de la ville. Avalanche Records, Dundas Street. Adele est vendeuse. Je la croyais star.