Arca
Cinématique Sylvain Chauveau Nocturne Impalpable par Quentin Dève
Voilà bien longtemps que deux disques lardés coup sur coup, ne nous avaient pas fait pareille impression. Sylvain Chauveau est l’instigateur d’une musique atemporelle, insituable, («impalpable»), à l’instar des Rachels, que l’intéressé n’hésite pas à citer comme référence (Voir interview sur www.chronicart.com), évoquant la magie de Music for Egon Schiele. L’ossature de Nocturne Impalpable, élan de musique contemporaine, repose sur un piano, autour duquel gravitent divers instruments, à vent et à cordes. Un piano lent, permettant de saisir l’importance du silence, de s’y cacher sans retenue. Des thèmes comme Radiophonie n°1, Le monde intérieur ou Je me suis bâti sur une colonne absente, parcourent le corps en lui dressant les poils. Chauveau fait penser à Erik Satie, c’est à dire à un homme créant des émotions insolites à chaque note, à un homme rare. Impensable alors de ne pas se plonger dans un des projets parallèles du bonhomme, Arca, qu’il partage avec Joan Chambon. Ici, on mélange numérique et esprit de musique classique, ou quasi classique, et on y colle littéralement des bribes de discours, des dialogues de films, des samples. Le tout nous envoie vers un lieu inimaginable, incomparable. Du poétique à l’état brut, qui ne quitte pas une seconde Cinématique. 1957 est traversé par le discours d’Albert Camus à la réception du Prix Nobel de Littérature ; les sublimes Monogatari, et son extrait de Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch, et La zone, faisant figurer un monologue russe de Stalker d’Andrei Tarkovski, pénètrent l’esprit en douceur pour l’envahir sans mesure. On a jamais entendu ça auparavant. Cinématique et Noctune Impalpable sont deux véritables livres, dont on a hâte de tourner chaque page, et qu’on ne peut s’empêcher de recommencer dès qu’il est fini. Arca
- Cinématique
|