Le label Ici d’Ailleurs crée une sous-formation, 0101, basée sur le numérique, comme l’indique son intitulé binaire. 0101 est divisée en deux branches : electronica et groove.

Premier né de 0101, version electronica, Eric Aldéa n’en est pas à ses premiers pas. Il a en effet fait partie des Deity Guns, produits notamment par Lee Ranaldo (Sonic Youth) en 1992, et de Bästard, groupe elecro-bruitiste quasi culte . A la séparation de ce dernier, Eric Aldéa travaille avec un chorégraphe de danse contemporaine (Abou Lagraa), et écrit la musique de ses spectacles. Ce sont des extraits de ces créations que l’on retrouve sur Saturno O Cipolla.

Dans son home studio, Eric est le genie(teur) d’une musique singulière, levant les barrières entre musique contemporaine, musique électronique et musique envoûteuse. Dès le premier titre, on part côté Orient, pour une entrée en matière sonore, visuelle et goûtue. Une envolée presque effrayante. On en ressort déboussolé puisque loin des repères habituels.

On navigue en plein songe, sur des mélodies éthérées, aqueuses, veloutées, vaporeuses. Tant d’adjectifs qui ne qualifient pas l’essentiel de ce disque. Car Eric Aldéa crée une alchimie idéale entre terrestre et céleste, entre corps et esprit, ne laissant de côtés aucun sens.

Les boucles sont nombreuses, et traduisent un univers flou. Les cordes se fondent dans des décors tantôt cinématographiques, tantôt très intimistes. Des zests de bruitisme, de pesanteur visible, sont eux les reflets de l’organique, rappelant des groupes plus enclin à une electronica abscon (Supersilent…)

En attendant l’edition du coffret de Bästard, regroupant l’ensemble de leur discographie, on a été servi magistralement par un affranchi jubilatoire.

Eric Aldéa - Saturno O Cipolla ? (0101/Ici d’ailleurs)