MUS
El Naval par Quentin Dève
Mus continue à se jeter corps et âmes dans un monde de silence, de douceur et de contrastes. Le duo mixte composé de Fran Gayo et Monica Vacas surprend ici parce qu’on en se savait pas le groupe aussi agile pour réveiller des sens cachés : même si leur précédents efforts (alma EP, Aida EP) étaient corrects, ils peinaient à séduire réellement.
Les photos en noir et blanc de la pochette révèlent d’emblée cette noirceur qui surpasse tous les autres tons de " El Naval ". Monica nous fixe, comme pour nous prévenir : attention disque dangereux. Mais le péril est agréable ; si la tristesse est palpable, elle est narrée avec une précision unique, par une voix d’une beauté transparente (à la Hope Sandoval ou Chan Marshall) . Fran, lui, regarde ailleurs ; parce que ce disque est un évasion permanente ; les notes, les instruments drapent l’auditeur dans des mélopées douées de pureté et de magie, au service d’une lo-fi décidément de plus en plus vivante et représentée : une sorte de rencontre entre L’altra et The American Analog Set. Un petit accent exotique avec ce chant en espagnol, qui aura peut être comme seul défaut celui de sembler inapproprié à certaines compositions. Sur " Al oeste de la Divisoria " ou " Quien bien te quier ", le couple se met à nu, dans toute sa maturité et sa sensibilité. Même si le résultat semble être un aveu d’impuissance dans la quête du bonheur, " El Naval " est un bijou sombre qui scintille quand on sait le frotter. MUS - El Naval (Acuarela/Poplane) |