Ward est l’archétype du groupe difficile à cerner, à définir.

WARD It’s not necessarily your height, it could be your feet

Le duo se lance ici dans un travail visionnaire, mélangeant electronica, post rock et indus. Des guitares imprévisibles (comme sur les dernières secondes de " Just Back from holiday in Wales ") se nouent à des voix perdues dans l’espace ; le tout, disposé sur une boîte à rythmes (dont on sent la capacité à être violente, mais qui garde cette violence en elle), disposé sur un fond sonore bruitiste finalement très réaliste. Parce qu’un simple sample de manège ("Few words before of after"), de modem cherchant à se connecter à l’Internet ou de conversations téléphoniques remet les pieds sur terre.

Des groupes comme Autechre ou Hood sont parfois suggérés lointainement, mais le duo revendique son envie de création et d’expérimentation. Les bruits du quotidien impressionent par les images qu’ils annoncent, par le monde dans lequel ils plongent l’auditeur.

Le côté indus est suggéré par touche fine ; on parlera de post indus ou de post electronica, ce qui ne signifie pas grand chose. Il faut se laisser porter par cet album, il faut lui laisser une confiance aveugle et voyager.

Massive Beard rappelle Leftfield en plus rêche, en plus sincère, en bidouillé, en moins produit aussi. Chaque morceau est une aventure, une fresque héroïque. Ward n’a finalement rien à voir avec les trois groupes cités dans cette chronique. Ward est un groupe qui a su faire partager son côté cérébral grâce au dressage des machines et à une recherche sensorielle de tout premier rang.

Rares sont les occasions de sentir son esprit décider de se scinder pour pouvoir voguer à des endroits différents dans le même espace temps : les seules écoutes de " Sesquipedalian Origins " ou " Anatarbarus " sauront à coup sûr vous convaincre.

WARD - It’s not necessarily your height, it could be your feet
(Loca records/Import), 2002
www.locarecords.com