EXHAUST Enregistreur

EXHAUST privilégie une approche sonique atypique, sublimant basse et clarinette en leur greffant de somptueux collages de boucles de batterie, de bruitages méandreux, de voix perdues et déstructurées, de scratches euphorisants.

Ce second album, quatre ans après leur premier coup d’essai, est d’emblée plus accessible, plus chaleureux, plus mélodique peut être. Sans pour autant abandonner son désir évident de s’exprimer musicalement dans l’expérimentation, le trio jette ici les bases d’un post rock électronique alliant les puissances de décollage de Godspeed avec une approche hip-hop de l’electronica, qui rappellera  Rechenzentrum, Prefuse 73 ou Funkstörung.

Les Canadiens excellent dans la mise en place de décors apocalyptiques ; c’est une basse lourde qui, souvent, pose les premiers jalons d’un chaos annoncé. L’alliance entre les machines (cassettes, ordinateurs, samplers) et les hommes  défie les limites gravitationnelles du son.

‘Voiceboxed’ s’impose comme un des meilleurs morceaux de l’année, toutes catégories confondues, et s’avère être une sorte de mélange de tous les autres titres du disque : pas un fourre-tout, attention, mais un assemblage intelligent, saisissant et obsédant, finissant sur un scratch diabolique. La manière de traiter les voix paraît indélicate au premier abord, mais, si on ne comprend plus les paroles  initiales, la communication n’en est pas moins altérée : on fait quasiment corps avec la musique.

La clarinette, étouffée, distordue ou lente, est un fil conducteur le long de cet album, un partenaire singulier dont on découvre ici toute la sensibilité. Sur ‘Degauss’, on l’entend même nous susurrer des mots doux à l’oreille, nous susurrer un adieux déchirant.

A l’inverse du premier album, on ne trouve pas de messages à l’intérieur du livret, mais un message à l’intérieur de la musique, comme si le groupe nous disait : ‘venez expérimenter et partager notre vision du bonheur auditif.’