1,2,3… Soleil

THE BLACK HEART PROCESSION Amore del Tropico

J’ai couté ce disques 10,15,20 fois en quelques jours. A la fois, sans nul doute, c’était un album énorme et c’était de plus en plus le moins bon album de Black Heart Procession. Et puis, progressivement, j’ai ressenti cette impression rare de pouvoir écouter un disque impalpable, insaisissable : une sorte de poisson rouge mal dressé.

BHP est sûrement un des groupes qui maîtrise le mieux au monde la création de décors sombres, mystiques, envoûteurs et enchanteurs. Tour à tour les albums 1, 2 et 3 avaient amené d’une reconnaissance souterraine à une aura internationale.

Ce qui choque d’abord avec Amore del Tropico, c’est une production parfois abondante, qui bouleverse nos habitudes : des petits chœurs féminins sur plusieurs titres, des sonorités plus pop (Why I stay).

Mais cette fois, le groupe a abordé le sombre d’une manière moins radicale, en le regardant à travers un soleil aveuglant. La scie musicale est toujours aussi frissonnante, et la voix aussi caressante.

Des claviers très caractéristiques (The Invitation) parcourent les quinze morceaux de ce disque qui, peu à peu, saisit l’âme et la triture savamment. Et puis, l’auditeur a à peine pris ses marques qu’il est à nouveau déstabilisé par une dernière partie d’album électronique :le groupe a du écouter The Notwist (Before the people).

Bien vite, c’est la fin : Amore del Tropico est moins glaçant, mais m’a transi, épaté, déboussolé. Le titre final, énorme, porte le sceaux BHP et renvoie à une discographie imparable. 1, 2, 3, 4. Vive les spectres lumineux….