Finalement, j'ai envie de vous parler de bonheur.

THE TEMPORARY THING The Temporary Thing

Il y a de la musique pour pratiquement toutes les émotions ; tous les états, tous les esprits.
On en a pour sauter partout, pour crier, pour oublier sa vie, pour pleurer, pour lever le poing… Et il n'en manque pas. Des kilomètres et des kilomètres. De la qualité assurément, mais rien devant ce que je veux vous décrire.

On a chacun ses pièces cultes, ses fragments personnels de discothèque incessibles, le noyau dur de son fond de bonheur musical. Les quelques disques qui ramènent le bonheur au milieu des heures les plus noires, les palliatifs infaillibles à tous les coups de spleen. Du one, two, three, four and heaven.

Ils sont rares ces disques. Ils sont différents pour chacun, mais quand on s'en découvre un nouveau, on ne résiste pas à l'envie de le partager. En tout cas, moi, c'est comme ça. Un vieux coté évangéliste que je traîne.
Ce n'est pas forcément chose facile d'identifier ces perles rares, galettes d'insouciance et d'oubli extatique ; mais aujourd'hui je le sais : il y en a deux de plus à ma collection.

J'ai deux nouveaux copains formidables, ils s'appellent Andrew et James.

Au début était le verbe.
Et puis très vite tout le monde a compris que ça ne suffisait pas.
Alors quoi? Moïse et le peuple juif dans le désert, le déluge, les chinois inventent le ping-pong 4000 ans avant notre ère.
Et enfin, pour effacer toutes ces futilités, l'homme invente la corde, en chanvre, en métal, en nylon… et la guitare qui va avec.
Et tout aurait très bien pu s'arrêter là. L'homme et la guitare. Le songwriter et ses ritournelles acoustiques. L'homme armé du meilleur outil pour percer le blindage du cœur et chavirer l'âme.

J'entend parler de nouveau mouvement acoustique. Et je me marre.
Notez que je me marre facilement, et que je trouve les macarons autocollants sur les disques généralement irrésistibles. Je suis comme ça, s'il vous plaît ne me jugez pas.
Vous voulez du nouveau, du mouvement et de l'acoustique? Je vais vous en donner moi!

J'ai décidé de vous présenter aujourd'hui deux artistes qui, bien que vivant aux antipodes l'un de l'autre, semblent étrangement parents.
Andrew Gleason (THE TEMPORARY THING) vit à Los Angeles (ou par là-bas), James Yorkston vit à Edimbourg.
Et chacun de son coté de l'Atlantique perpétue une tradition de songwriting épuré, dans le prolongement des œuvres de BELLE & SEBASTIAN ou de THE MAGNETIC FIELDS.
On pourrait se répandre en références sixties et hippies, mais je pense pas que cela rendrait notre journée meilleure.
Par rapport au modèle MAGNETIC FIELDS / BELLE & SEBASTIAN, nos protagonistes échangent ici leurs nationalités.

THE TEMPORARY THING Forever & a day

Andrew Gleason et THE TEMPORARY THING livrent une pop folk acoustique très européenne, toute en dépouillement et en réserve. Andrew Gleason a silloné l'Europe la guitare au dos, séjourné à Paris (le monsieur se paie même le luxe d'une chanson en français très réussie - "Fleur du matin") et a fini par sortir un 45 tours sur un label grec : PopArt records.
Son écriture est incroyablement légère et hypnotique, jouant des sonorités de la langue de Shakespeare avec un talent qu'on avait longtemps cru réservé aux anglais.

JAMES YORKSTON & THE ATHLETES Moving Up Country

James Yorkston l'écossais parcours des registres plus orchestrés. Une guitare slide aux effets psychotropes se détache très présente devant une foule d'arrangements riches et raffinés. Les combinaisons guitare / piano devraient être retenues comme modèles du genre et enseignées aux apprentis songwriters.
James et ses athlètes sonnent très folk US eastcoast.
Ce "Moving up country" est peut-être en comparaison une œuvre plus adulte. L'arrivée d'un premier voyage, alors que "the temporary thing" est plutôt le point départ d'Andrew Gleason.

Enfin le disque se distingue par la particularité suivante : il peut très aisément être ajouté à la très précieuse liste des albums les mieux conclus - liste en tête de laquelle on touve bien évidemment "The Stone Roses" avec "I'm the resurrection". Le "I know my love" de Yorkston est une extraordinaire pièce d'acoustique épique. Une sorte de boogie folk qui atteint un véritable climax à force d'arpèges, slides et basslines de tueur.

Les écoutes de ces deux albums ne vous procurera certainement pas les mêmes sensations que j'ai pu éprouver mais ne sauraient vous laisser de marbre.
Tant de grâce ne peut laisser indifférent.