De la nourriture à des cochons ???

SIGUR ROS ( )

C’est avec une semaine d’intervalle que sortent deux des albums les plus attendus de l’année, au moins pour les amateurs d’un post rock atmosphérique, mystique, mental et, pour Godspeed you black Emperor, progressif.

Deux albums sensés amener les deux groupes au succès, à une consécration méritée. GYBE, et c’est tant mieux , a connu l’estime de la presse pour l’unique ‘Lift your skinny fists like antennas to heaven’ et Sigur Ros s’est fait connaître en première partie des géants Radiohead.

Consécration et confirmation. On attendait beaucoup, trop, sûrement. Il faut l’avouer il y a de la déception aux premières écoutes de Yanqui U.x.o. et ( ). Le barre était placée trop haut dans nos esprits. Quand on tend la joue, la claque fait moins mal, surprend moins.

GYBE! Yanqui UXO

GYBE, étonnamment, a choisi LE producteur référence, Steve Albini. Ce qui, en soi, était une petit dérobade : on croyait le collectif canadien seul maître à bord. Une sorte de contre pied à soi même, Steve Albini semblant être l’homme du consensus musical, l’homme qui plait à tout le monde.. Yanqui U.x.o reste une merveille, il faut le reconnaître. Les envolées de guitares, les violons travaillés avec ce savoir faire si singulier, la batterie fracassante, le chaos et l’apaisement : c’est bien du Godspeed ! Le premier chaos, justement, se fait attendre. Au bout de dix minutes, la vague de puissance déferle mais, par sa prévisibilité, ne nous emporte que partiellement.

( ) souffre aussi de cette prévisibilité. Et pourtant, bien souvent on franchi des limites de splendeur et d’apesanteur. Plus chanté, moins sombre, moins évocateur et moins religieux que Agaetis Byrjun, ce second album ne réserve des surprises qu’au bout d’écoutes répétées.

Quelque part, deux albums plus optimistes, moins renfermés sur eux mêmes. A eux deux, deux heures et demi d’un récital d’émotion rare et raffiné. Sigur Ros, a certain moment, semble avoir emprunté les tuyaux utilisés par Godspeed (notamment sur 6) et Godspeed semble avoir lorgné sur ses travaux annexes au sein de Silver Mt Zion : le violon est largement mis en avant.

L’automne, période de transition, est une saison propice pour ces deux disques. La nuit, le froid, les feuilles par terre, tout ça donne envie d’être réchauffé tant par l’un que par l’autre. Chaque nouvelle écoute change la donne. ( ) s’apprend, s’apprivoise : on a envie d’étudier le Hopelandic (cette langue inventée par le groupe, et unique au groupe) pour reprendre les refrains. Au fur et à mesure, on palpe mieux l’esprit du disque, de plus en plus lumineux. Les parenthèses se transforment en ailes pour nous aider à nous envoler. Yanqui U.x.o. devient, à l’inverse, de plus en plus confus et déroutant. Sur Rockets falls on Rocket falls, on ne se plus par quel bout prendre l’archer, ni comment cicatriser les plaies de notre cerveau, anéanti par la batterie et ses coups cinglants.

Les deux disques ne se complètent ni ne s’éclipsent. Au final, c’est Sigur Ros qui fait preuve du plus d’inspiration et GYBE qui marque un peu le pas. Mais l’essentiel est là : on franchi des repères, des limites, on se dépasse soi même à l’écoute de ces deux disques. Malgré tout, c’est un peu de la nourriture à des cochons : on aurait pu s’attendre à une explosion encore plus grande mais on devra patienter encore deux ans.

Outre la déception, soyons réalistes, Sigur Ros et GYBE ont signé deux des albums qui ont marqué 2002 de leur empreinte, deux des albums les plus atemporels et les plus profonds.

SIGUR ROS - ( ) (Fat Cat/Pias)

Site label :www.fat-cat.co.uk
Site du groupe  : www.sigur-ros.com
ET… www.sigur-ros.co.uk

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Site officiel du label www.cstrecords.com
Site d’un fan français www.deadflagblues.com