THE STROKES
Live in NYC 29/11/2002 par Elsa The
Boys are back in town
L’action se déroule au Roseland Ballroom, lieu de célébration des retrouvailles, situé à deux pas de Broadway, en plein cśur de Times Square, quartier des théâtres, aujourd’hui royaume du loisir, de la consommation oisive et de la publicité à outrance. La salle est immense, très haute, bien arrangée, ancien hall de danse historique, on y trouve même un boudoir très cosy dans les toilettes des filles, rien à voir avec l’ambiance graffitis du CBGB mais on s’y sent tout aussi bien. Pour tous les chanceux qui comme moi se retrouvent à New York au bon moment, l’atmosphère de la salle est plutôt électrique.
Puis c’est l’heure, les STROKES arrivent sur scène comme des princes, souriants, détendus. Ils sont chez eux, New York, ville durement conquise qui les a vu débuter, écumer tous les petits clubs et affiner leurs chansons 2 ans auparavant. Ils entrent expressément dans le vif du sujet avec la mélodie imparable et accrocheuse de Last Nite, chanson mille entendue qui n’a pas pris une ride. Julian Casablancas au chant exulte, prend le public à partie et chante comme si sa vie en dépendait. Sec, concis, leur style est toujours la, les chansons s’arrêtant net, le son est impeccable. Ils pourraient bien jouer les yeux fermés tellement ils maîtrisent leurs morceaux. Tout roule, les premiers rangs sont agités par une petite troupe de personnes qui, ne résistant pas aux mélodies bien ciselées, rondes et sexy, dansent dans l’abandon le plus total. Le reste de l’auditoire demeure étonnamment sage, presque stoïque, et paraît plongé dans une concentration ultra aiguë. Leur prestation pourrait être lisse et bien huilée, on plie tout et on remballe. On imagine assez facilement que certains concerts de cette tournée ont pu être comme ça, trop maîtrisés, trop carrés, trop près de l’album, trop routiniers et forcément décevants. Mais ce soir rien de cela, l’humeur communicante de Julian rompt son habitude de peu parler entre les chansons, bien content d’être là, il veut nous dire plein de choses. Il se lance, presque entre chaque morceau, dans des tirades éthyliques ponctuées de fuckin’ et s’enlise, blague, essaie un chapeau de cowboy, perd le fil de ses idées ‘…whatever’. Les autres membres du groupes rigolent à ses anecdotes, le public aussi, c’est tout le concert qui prend une autre dimension, plus lent, plus détendu. Julian paraît à bout et se donne complètement, porte le concert, tout est la, le pur hédonisme et l’urgence, le côté battant et l’insouciance des chansons, la bouffée d’oxygène immense, de liberté qu’est The Modern Age, ce sentiment de vivre maintenant sans penser à demain, de faire les paris les plus fous. Plus Julian cabotine et joue avec le public, plus il semble vouloir retarder la fin du concert. Il y a aussi trois récentes nouvelles chansons plutôt dans l’esprit du premier album et candidates pour le deuxième. Sans appel et chaotique, Take It Or Leave It est martelé pour terminer le set, Nikolai jette sa basse dans la batterie, Fab se lance de tout son poids plume dans le public sur lequel il rebondit comme sur un trampoline. Ils disent au revoir, pour combien de temps on ne sait pas mais qu’ils en prennent suffisamment. Une page de tournée, mais l’histoire n’est pas finie. www.themooneysuzuki.com
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