CDNOW
THE STROKES
Live in NYC
29/11/2002
par Elsa

The Boys are back in town
THE STROKES, November 29 2002, Roseland Ballroom, New York

( >>> check Live review - THE STROKES, Washington DC, 26 décembre 2002 >>> )

Broadway...Enfin de retour chez eux, à la maison, à New York City. Les STROKES devaient mourir d’impatience de jouer ce concert, ultime date de leur tournée automnale qui les a menés sur les routes des Etats Unis pendant deux mois, mais qui représente aussi la fin d’une époque, le bout de leur tournée mondiale colossale. Car si on fait le compte, depuis l’arrivée fracassante du groupe sur les terres anglaises en juin 2001, les STROKES cumulent 16 mois de tournée et 173 dates. Leur album ‘Is This It’ n’aura pas été privé de promo, en attendant il doit sacrément leur sortir par les trous de nez cet album. Et si on continue de compter, on trouve 6 nouvelles chansons, c’est donc peu dire que le groupe a maintenant peut être besoin de se (re)poser et de revenir à leur petite vie new yorkaise que l’on pressent comme élément crucial pour l’écriture de leurs chansons. Et ce soir c’est aussi le plaisir de jouer devant un public en majeure partie ami, dont certains complices depuis le tout début peuvent mesurer le chemin parcouru par le groupe.

L’action se déroule au Roseland Ballroom, lieu de célébration des retrouvailles, situé à deux pas de Broadway, en plein cśur de Times Square, quartier des théâtres, aujourd’hui royaume du loisir, de la consommation oisive et de la publicité à outrance. La salle est immense, très haute, bien arrangée, ancien hall de danse historique, on y trouve même un boudoir très cosy dans les toilettes des filles, rien à voir avec l’ambiance graffitis du CBGB mais on s’y sent tout aussi bien. Pour tous les chanceux qui comme moi se retrouvent à New York au bon moment, l’atmosphère de la salle est plutôt électrique.

Le show commence avec les MOONEY SUZUKI, eux aussi de Gotham City et férus de rock’n’roll. Il faut les voir pour y croire. Les MOONEY SUZUKI non seulement s’attifent, mais se déhanchent, sautent, se trémoussent, jouent de la guitare, claquent des doigts, respirent, transpirent comme tout ce que l’on peut imaginer de plus cliché dans le rock’n’roll. C’est blouson de cuir noir, pantalon moulant la il faut, bottines noires à talons dans lesquelles peuvent se mirer les filles toutes pomponnées du premier rang. Et les lunettes noires, pour le chanteur seulement, accessoire indispensable du rocker. Ils sont beaux. On est tellement fasciné, amusé par leurs singeries, leurs poses félines, leur dégaine sulfureuse, leurs passes de jambes habiles et certainement répétées cent fois devant la glace et leur jeu survolté, explosif et sans répit qu’on en oublie de les écouter. On se croirait face à un cover band des années 60 tant ils sont dans l’excès, on a du mal a prendre au sérieux leur musique. Peut être aussi qu’elle n’a rien d’exceptionnelle.

Puis c’est l’heure, les STROKES arrivent sur scène comme des princes, souriants, détendus. Ils sont chez eux, New York, ville durement conquise qui les a vu débuter, écumer tous les petits clubs et affiner leurs chansons 2 ans auparavant. Ils entrent expressément dans le vif du sujet avec la mélodie imparable et accrocheuse de Last Nite, chanson mille entendue qui n’a pas pris une ride. Julian Casablancas au chant exulte, prend le public à partie et chante comme si sa vie en dépendait. Sec, concis, leur style est toujours la, les chansons s’arrêtant net, le son est impeccable. Ils pourraient bien jouer les yeux fermés tellement ils maîtrisent leurs morceaux. Tout roule, les premiers rangs sont agités par une petite troupe de personnes qui, ne résistant pas aux mélodies bien ciselées, rondes et sexy, dansent dans l’abandon le plus total. Le reste de l’auditoire demeure étonnamment sage, presque stoïque, et paraît plongé dans une concentration ultra aiguë. Leur prestation pourrait être lisse et bien huilée, on plie tout et on remballe. On imagine assez facilement que certains concerts de cette tournée ont pu être comme ça, trop maîtrisés, trop carrés, trop près de l’album, trop routiniers et forcément décevants.

Mais ce soir rien de cela, l’humeur communicante de Julian rompt son habitude de peu parler entre les chansons, bien content d’être là, il veut nous dire plein de choses. Il se lance, presque entre chaque morceau, dans des tirades éthyliques ponctuées de fuckin’ et s’enlise, blague, essaie un chapeau de cowboy, perd le fil de ses idées ‘…whatever’. Les autres membres du groupes rigolent à ses anecdotes, le public aussi, c’est tout le concert qui prend une autre dimension, plus lent, plus détendu. Julian paraît à bout et se donne complètement, porte le concert, tout est la, le pur hédonisme et l’urgence, le côté battant et l’insouciance des chansons, la bouffée d’oxygène immense, de liberté qu’est The Modern Age, ce sentiment de vivre maintenant sans penser à demain, de faire les paris les plus fous. Plus Julian cabotine et joue avec le public, plus il semble vouloir retarder la fin du concert. Il y a aussi trois récentes nouvelles chansons plutôt dans l’esprit du premier album et candidates pour le deuxième. Sans appel et chaotique, Take It Or Leave It est martelé pour terminer le set, Nikolai jette sa basse dans la batterie, Fab se lance de tout son poids plume dans le public sur lequel il rebondit comme sur un trampoline. Ils disent au revoir, pour combien de temps on ne sait pas mais qu’ils en prennent suffisamment. Une page de tournée, mais l’histoire n’est pas finie.

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