Certains disques contiennent des espaces uniques propices à la pesanteur et à la libération de l’esprit. Ce quatrième album d’un trio de San Francisco recèle, outre cette qualité, un pouvoir évocateur continu et laisse, au final, une rare impression de satisfaction.

CHARLES ATLAS Worsted Weight

Du nom d’un Monsieur Muscle célèbre aux Etats Unis, Charles Atlas joue une musique instrumentale lente. Souvent, un piano est perturbé par un violoncelle puis par des bidouillages électroniques. L’univers rappelle celui de Dakota Suite, de Pram mais aussi de Fridge. Les contrées traversées, exquises et mystérieuses, se superposent idéalement. Sans fracas même si largement improvisé, Worsted Weight se sublime au fur et à mesure des morceaux, demandant parfois plusieurs écoutes avant de vous prendre totalement d’assaut.

Terrifiante introduction, avec The Deadest Bar : une longue épopée s’achevant sur une scie musicale envoûtante. Le suite est un enchevêtrement de surprises. Le pétillant ‘Sun with teeth’, le lugubre ‘Italian air’ nous enlèvent et nous offrent d’agréables évasions visuelles.

Sans jamais tomber dans le marasme ni dans l’obscure, Charles Atlas contemple le monde de très haut. Le piano aquatique de ‘Port, noise complaint’ rappelle Sylvain Chauveau, et parachève un Worsted Weight qui confirme l’impression que l’on avait aux sortires du disque précédent du groupe, Felt Cover (Static caravan, 2001). : A ne suivre que de très près.

CHARLES ATLAS, Worsted Weight
(Ochre Records/Import)

www.ochre.co.uk