MANTA RAY
Estratexa par Quentin Dève
Ca faisait bien longtemps que d'un disque ne s'était pas dégagé pareille tempête. Manta Ray mêle rage et volupté dans un même souffle, chaud et décoiffant, offre un déferlement de guitares sauvages et consacre une batterie terrifiante.
Si le quartet ibère fait figure de star de la scène indé en Espagne, il devrait enfin trouver un écho digne de ce nom en France avec Estratexa, album de noisy rock engagé, tendu, brûlant et incendiaire qui vous fera cramer de l'intérieur. Avec Take A Look, Manta Ray nous donne un aperçu des forces en présence, un avant goût idéal de ce qu'est l'album: une bombe à retardement. Un effet de retardement notamment du à une des particularités du groupe, c'est à dire à ces tranchantes boucles électroniques qui habitent et habillent le disque. On se situe à la croisée des chemins empruntés par Suicide, Sonic Youth et Diabologum, des chemins rendus étonnamment accessibles par on ne sait quel effet de manche. Quand on écoutera Qué Niño soy en 2013, on se dira :'ouah, c'était bien 2003!' Et oui, on tient bien là un tube en puissance, porté par ces riffs de guitares époustouflants et par la voix de José Juis Garcia, un des autres atouts du groupe. On devine, à l'écoute de ce morceau, pourquoi leur réputation scénique n'est plus à faire. Manta Ray catapulte des instrumentaux de toute beauté (Estratexa, Ebola,…), rendant même hommage à Rosa Parks (une noire américaine ayant défié les lois de l'Alabama dans les années 50 en refusant de céder sa place à un blanc dans un bus), pour un titre sombre et en rupture avec le reste de l'album, annonçant l'exceptionnel et final Ausfhart, mélancolique ballade refermant la plaie ouverte par Estratexa. Manta Ray nous ouvre à un rock torturé, pesant, avant-gardiste mais à mille lieux d'être éphémère, à un rock sinueux mais conseillé à tous, à un rock abrasif, contagieux et unique. Manta Ray sera en concert le 8 Avril prochain à Paris. FunkyRate : MANTA RAY, Estratexa |