Ayant longtemps occupé le haut du classement des pires noms de groupes, la formation hype d'Oxford, Meanwhile Back in Communist Russia, a du se contenter de la quinzième place.

MEANWHILE BACK IN COMMUNIST RUSSIA My elixir : My poison

Leur mini album 'Indian Ink', mélange exquis de post rock, d'art rock et de dark-wave a permis au groupe de connaître une certaine gloire, notamment au niveau local, puisqu'il se retrouve en peu de temps lié contractuellement avec le label Truck Records, lui même distribué depuis peu en France par Chronowax. Leur nouvel album était attendu impatiemment et ça y est, le voilà.

On leur connaissait une formule terriblement efficace: un poème est récité par Emily Gray sur une musique électronique, et puis les guitares arrivent et déferlent, laissant l'auditeur en plein chaos. Pour se renouveler, MBICR a du trouver des nouveaux chemins, qui ne sont pas toujours très judicieux. Pendant l'enregistrement, le groupe a du faire face au départ de son guitariste, et il s'est donc retrouvé contraint a contourné ce manque en introduisant un peu plus d'ingrédients électroniques.

C'est un visage plus gothique, plus sombre qui est montré. On s'éloigne un peu des accointances avec Arab Strap et Mogwai pour en découvrir des nouvelles avec This Mortal Coil et Sybarite. Les boucles de claviers, de guitares, de batterie créent peu à peu des blessures piétinées par le phrasé d'Emily Gray, qui enfonce le couteau dans la plaie. Si certains titres déçoivent, la plupart ébouriffent, enchantent ou laissent aphones.

Ces poèmes urbains, justes et désabusés, se marient parfaitement avec les beats et les boucles. La première claque, qui correspond à la première envolée de guitares distordues, intervient au troisième morceau, "Chinese Lantern", dont le final violent traduit la volonté de trouver un elixir qui ne soit pas illicite.

Avec "Heliotrope", et c'est une nouveauté, le groupe livre un titre sous tension permanente mais sans explosion, transpirant d'angoisse et de désespoir. La manière froide et détachée de réciter les poèmes crée un climat déstabilisant et file une boule à l'estomac. Une boule dont le volume croit avec "Cusp", nous menant vers la deuxième et décisive partie du disque.

Avec "Roses for her", le groupe semble se jouer de nous an générant une certaine frustration. Les envolées sont volontairement étouffées dans l'œuf. Six minutes insoutenables, qui ne nous mènent pas là on nous nous y attendions, à l'instar du titre suivant, "holomovement", morceau technoïde, presque ambient.

Après nous avoir dépeint son univers sombre et délabré, MBICR revient à sa source et détruit tout sur l'énorme "heatstroke", dont les riffs de guitare rappellent un peu ceux de "My father, my king" de Mogwaï. Un titre épique, chaotique, débutant sur des nappes de clavier oppressantes et finissant par une libération énorme. La tension accumulée s'évacue, s'évacue si puissamment que l'on est étourdi.

A côté d'Electrelane, MBICR s'inscrit parmi les premiers re-constructeurs de l'art rock et nous invitent à une danse macabre singulière. Une drogue musicale dont on a pas à se passer.

MEANWHILE BACK IN COMMUNIST RUSSIA, My elixir : My poison
(Truck Records - Chronowax)

http://www.truckrecords.com
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