"Art without tradition or precedent"

Singles Compiled

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Hood, cultivant ainsi son fighting spirit indie, a éparpillé un nombre incroyable de morceaux sur des compilations et sur des singles. Comme l'indique leur nom, "Singles Compiled" et "Compilations 1995-02" regroupent la quasi intégralité des titres disséminés (sur des labels comme Rocket Racer, Alice in Wonder, 555, Jonathon Whiskey, Orgasm,...), livrant trésors et perles rares d'une unique authenticité.

Deux leitmotiv poursuivent Hood depuis ses débuts: défricher de nouveaux territoires sonores et mettre en avant son amour pour le lo-fi. Une première compilation, "Structured Disasters", parue en 1996, retraçait les premiers essais du groupe. Les idées y fourmillent, les balbutiements sont livrés tels quels, le son est abrupte, le son est celui de Hood. Le nom de ce disque donne une bonne idée du contenu. Ces deux nouveaux disques précisent et affinent notre perception du groupe avant de nous faire comprendre quelque chose: en voulant faire une musique différente, impalpable, spontanée, Hood a réussi à investir son propre domaine musical, jamais foulé par d'autres, a réussi à se poser en groupe précurseur.

Poussés par l'auto dépréciation et par une fertilité hors norme les frères Chris et Richard Adams, les têtes pensantes de Hood, ont su optimiser leur créativité. La plupart du temps, l'enregistrement se fait en une prise avec le moins de pistes possibles: les grésillements, les bruits perdus, les imperfections sont des instruments à part entière, des instruments qui aident à bâtir l'univers de Hood et à toucher l'auditeur. Comme souvent, le lo-fi illustre ici l'esprit torturé de ceux qui le pratiquent. Les émotions ne sont pas trahies. La voix est bancale, le chant se perd. La beauté perdure. Les titres sont très visuels, très cinématographiques. Les pochettes confirment cet aspect visuel et traduisent l'amour du groupe pour la ruralité, pour un certain artisanat très présent dans leurs compositions.

HOOD Compilations 1995-2002

" For a moment, lost" ouvre idéalement "Compilations 1995-2002": des boucles (une arme majeure) de claviers et de guitares se superposent. Le tourbillon est lancé, le vent devient glaciale. Les titres partent dans tous les sens. "All my friends are dead" et son violon plaintif mystifie avant que "I have it my heart to jump into the ocean" méduse, grattant de l'intérieur, récurant les parois les plus à fleur de peau. L'immersion est totale. L'immersion est fatale. Jamais on ne se relève, jamais Hood ne nous autorise à respirer. Il y un peu de Mogwaï, un peu de Labradford, un peu de Third Eye Foundation ( Matt Elliott produit d'ailleurs un titre) et rien de tout cela. Il est avant tout question d'expériences folk ("the day to stand alone"), de pop minimale ("by early light"), de post rock destructeur ("Sound the cliche klaxons"). Une fois compilé, les morceaux sont très cohérents, super captivants, et globalement, sombres.

Question: "How do we see ourselves in 10 years time?". Réponse: "I see myself disappointed". Voilà les inscriptions présentes sur les deux disques de "Singles Compiled" (et issues de "disappointed"), qui ne comptent pas moins de 59 morceaux. Des morceaux plus abruptes, plus difficiles d'accès mais qui dégagent une puissance d'autant plus infernale. Le folk est déstrucuré. Le chant, parfois inaudible, bouleverse ("Failed Medic"). Même si les notes sont fausses, tout paraît juste pour toucher nos cordes sensibles. Tour à tour, les titres évoquent tous les albums du groupe offrant un panel exhaustif du groupe pour tous les néophytes, offrant une jouissance suprême à l'initié. Hood cherche avant tout à s'explorer lui même et à explorer l'inconnu, s'aventurant habilement à un foutoire free jazz rappelant Isotope 217 ("As evening changed the day"). Les 15 inédits, effroyablement entêtants, à l'instar d'instrumentaux lugubres ("killing the band") sont autant de bijoux dont on avait été injustement privés, et qu'on ne se lasse d'écouter à l'infini.

Vous l'avez compris, voici deux albums indispensables, monstrueux et magiques, uniques et frissonants. Pour paraphraser le groupe lui même, qui n'employait pas cette expression pour lui, c'est de l' "art without precedent or tradition".

HOOD, Compilations 1995-2002 / Singles Compiled
(Misplaced Music)

http://www.hoodmusic.net
http://www.misplacedmusic.co.uk