YO
LA TENGO
Summer Sun par Elsa / FunkyElvis
Il s'est écoulé trois ans depuis la sortie du dernier véritable album de YO LA TENGO. Trois années qui n'ont pourtant pas été complètement oisives pour le groupe de Hoboken (pour ceux qui ne connaissent pas bien New York, Hoboken est la première ville du New-Jersey, juste de l'autre côté de l'Hudson en face de Manhattan. Hoboken, c'est un peu le Boulogne Billancourt East Coast).
Entre des concerts dans le monde entier et du maquettage intensif dans leur studio loué à l'année, YO LA TENGO a quand même trouver le temps nécessaire à l'enregistrement de plusieurs versions du ‘Nuclear War’ de Sun Ra, sorties en single hors album en novembre 2002. Ils en ont également profité pour composer l'accompagnement
musical des films de Jean Painlevé (obscur et antique réalisateur français
de films sous-marins) qu’ils ont interprété dans des institutions plutôt
connotées sérieusement élitistes : Lincoln Center à New York,
The Barbican à Londres, l’édition 2002 du Sonar festival de Barcelone. Enfin parce qu’il faut bien s’occuper, les trois compères de YO LA TENGO se sont lancés en 2001 dans l'organisation de concerts pour les fêtes de Hanouka dans leur bonne ville de Hoboken. Ces concerts sont l'occasion pour le groupe de faire monter sur scène toute une tripotée de copains, et pas des moindres. C'est d'ailleurs un des côtés les plus sympas de YO LA TENGO : leur carnet d'adresse ressemble au Who's who de l'underground new-yorkais (et du reste du monde): Jon Spencer est un ami, Sonic Youth vient dîner a la maison, Chris knox dessine la pochette de l'album, etc. Ainsi, les derniers invités de marque du festival Hanouka cuvée 2002 ont été David Byrne et Ray Davies, excusez du peu. Et après la fête YO LA TENGO rassemble la caisse et distribue les bénéfices de chaque soir à une organisation caritative différente. Que demander de mieux ? Toutes ces journées passées à jouer n'importe quoi en
studio ne sont pourtant pas systématiquement recyclées dans l'enregistrement
de l'album, effectué lors de séances s'étalant sur plusieurs semaines
au cours desquelles le groupe et leur producteur s'installent à Nashville. Le résultat : Summer Sun, un disque relativement apaisé et lumineux, dominé par quelques chansons pop correspondant parfaitement au titre de l'album (Season of the shark). YO LA TENGO ne renonce pourtant pas aux sonorités qui ont fait sa patte, à cette alternance d'ambiances mystérieuses, de voix évanescentes et de morceaux issus de jams en studio (Giorgia vs. YO LA TENGO et Let’s be still qui s’étire sur 10 longues minutes). Les influences jazz et post-rock introduites sur leurs derniers albums, notamment sur le magnifique ‘I Can Hear The Heart Beating As One’, sont ici plus marquées comme sur l’instrumental qui ouvre le bal ‘Beach party tonight’. La production est discrète, malgré l'intervention d’une ribambelle d’invités (dont un membre de Calexico, Paul Niehaus de Lambshop et beaucoup d’autres). L’album se termine par ‘Take care’, une douce reprise du ‘mythique’ groupe Big Star. FunkyRate :YO LA TENGO, Summer Sun http://www.matadorrecords.com/yo_la_tengo/
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