THE POTOMAC ACCORD
In One Hundred Years The Prize Will Be Forgotten
par Quentin Dève
Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven
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THE
POTOMAC ACCORD
In One Hundred Years
The Prize Will Be Forgotten |
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Attention, ce disque remue, bouscule et soulève l’âme de celui qui s’y aventure. The Potomac Accord, originaire St Louis dans le Missouri, offre un deuxième album bouleversant et une escapade ascensionnelle mémorable, offre un refuge idéal pour cacher ses douleurs estivales.
« In one hundred years, the prize will be forgotten » ressemble à un petit recueil, qu’on lit, qu’on relit, qu’on consulte le soir avant de s’endormir, un recueil dont on s’imprègne, mais où la place est laissée pour l’interprétation personnelle et pour les annotations. Un recueil de six nouvelles au travers desquelles chaque instrument se place, se déplace. Un piano (central), souvent annonciateur d’envolées héroïques, une guitare dont le son métallique ensorcelle, une batterie blessante et une voix, souvent mise en retrait (par discrétion), une voix qui cherche ses maux, qui touche, déborde d’émotion.
Souvent, les morceaux peuvent eux-mêmes se découper en mouvements. Sur « The Empty Road », on entre d’abord dans un univers assez proche de celui de Black Heart Procession : mise en place d’une certaine tension, paroles répétées de nombreuses fois, départs (piano/batterie) avortés. Retour au silence, le piano prend le relais seul ; et là, en français, une amie amiénoise du groupe récite un poème du surréaliste Robert Desnos («Les Gorges Froides »). Et puis, l’envolée a finalement lieu, lumineuse et féerique, épique et méditative. A ce moment clef du disque, on a compris que quelque chose s’était passé, que le déclic avait eu lieu, on a compris que ce disque marquerait à jamais la période à laquelle on l’écoute, en l’occurrence pour moi l’été 2003.
Chaque plage contient ainsi son instant de beauté incontestable, cet instant ou on sent que tout va basculer, sans que l’on sache vraiment avec quelle intensité tout va basculer. Les paroles permettent apparemment d’évacuer les craintes du quotidien, des craintes communes à nous tous, la peur d’avoir peur, la peur de ne plus avoir peur. Pourtant, jamais on ne vire au sordide, au contraire : c’est même en exorcisant ses douleurs que The Potomac Accord livre son message, un message d’espoir : en prenant mieux conscience de soi et de nos cicatrices ouvertes, alors, on peut se laisser voguer et admirer ce qui est admirable.
Les deux derniers morceaux du disque en sont l’apothéose. « Ghost of Kalamazoo » en est peut être même la quintessence : peur et espoir donc, mais aussi mort et résurrection. La voix est fragile et poignante, pleine d’une rage qui l’empêche d’être totalement juste : « raise your fist up high and hold them into the sky », rappelant le titre de Gospeed You Black Emperor, « Lift your skinny fists like antennas to heaven ». La partie instrumentale de ce morceau permet la libération la plus incontestable de ce disque, toujours avec ce piano, d’une précision chirurgicale lorsqu’il s’agit de piquer au vif. Une piqûre qui pénètre le corps dans son entier.
« Newly Fallen Century », étalé sur un peu plus de onze minutes, évoque tour à tour Black Heart Procession (là encore), mais aussi le Piano Magic de Artist Rifles (notamment dans les rythmes de batterie) et Explosions in the Sky pour un final tout en fureur et en guitare, époustouflant et frustrant parce qu’il marque la fin de l’album.
Le but avoué du groupe est de délivrer un message, de transmettre des
sensations par la musique, de créer musicalement un univers singulier
dans lequel se retrouve chacun des quatre membres su groupe (dont aucun
nom n’apparaît sur le disque, considéré comme une œuvre uniquement commune).
Le but avoué de cette chronique est à la fois de déclarer ma flamme à
ce groupe, mais aussi de vous encourager à tomber amoureux.
FunkyRate :
THE
POTOMAC ACCORD,
In One Hundred Years The Prize Will Be Forgotten
(First Flight)
http://www.firstflightrecordlabel.com
http://www.potomacaccord.com
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