Et ainsi, la lumière fut.

MOVIETONE First Album

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Les lueurs sombres de Bristol nous parviennent enfin. 1995 : Crescent et Flying Saucer Attack offrent déjà une musique éthérée et nouvelle, schizophrène et contagieuse. Movietone, originellement composé de Kate Wright et Rachel Brook s’inscrit dans ce courant novateur où l’alternance lourdeur/profondeur et la combinaison lo-fi/envolées sont les maîtres mots d’une musique qui choisit la lenteur et la déconstruction pour émouvoir.

Le premier LP du groupe, sorti en 1995 sur le label Planet est réédité sur Geographic. Depuis, Movietone a connu une petite heure de gloire avec "The Blossom Filled Streets" (Domino, 1999), et la redécouverte de ce "first album" permet d’être mouché par des errements illuminés, habités par une voix aqueuse, par des expérimentations saisissantes, par des accès de folie hors norme.

Movietone prône une certaine liberté de penser, pas celle de Florent Pagny, mais plutôt celle de Hood, c'est-à-dire une liberté de penser sa musique en tant qu’instrument d’une expulsion de soi, de penser chaque morceau avec ses moyens, pour procurer les sensations qui nous ont amenées à faire cette musique.

La simplicité et la beauté de "Green Ray", titre magistral court (moins de deux minutes), rappellent les voies choisies par Low et Empress pour démontrer que calme et volupté peuvent inviter aux divagations. Si le violoncelle est une des armes choisie par le groupe sur "Green Ray", c’est une clarinette distordue et tarée qui accompagne les explosions fulgurantes du titre suivant, "Orange Zero". Sur "Mono Valley", ce sont des sons lointains, disséminés (batterie fracassée, notes de piano fantomatiques, bruit de verre brisé) qui créent une tension insoutenable, à peine contenue dans un final d’exception.

Les chemins ne sont souvent arpentés qu’une fois. Si, en vrac, les similitudes plus ou moins lointaines avec des groupes sont nombreuses (PJ Harvey, Sonic Youth, Hood, Low, Crescent, …), Movietone crée une impression globale singulière. Le climat pesant (batterie et basse très lourdes), la manière de planter un décor improbable, le mélange des couleurs sont ici déterminants. L’horizon, sombre, brouillé, indiscernable attire irrépressiblement. Déterminante, cette réédition relativise la beauté des deux albums suivants et se classe parmi les meilleurs albums de l’année.

MOVIETONE, First Album
(Geographic)

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