Prends-moi, tu ne le regretteras pas

DIGITAL INTERVENTION Capture

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La singularité d'un disque s'apprécie souvent au regard des climats proposés, des impressions laissées, des songes suggérés. La magie même de ce premier album de The Digital Intervention est de proposer une palette richissime en sensations impalpables, de transporter vers des lieux variés dans lesquels règnent pesanteur et libération.

The Digital Intervention est le projet de Paul Kendall (ancien du label Mute) et de Olivia Louvel, soit le mariage entre un amoureux du bidouillage électro-acoustique et d'une chanteuse issue du classique. Le travail sur le son est assez surprenant ; le disque, à tout moment, a une capacité inhérente pour appeler à des images toutes personnelles, pour remuer les souvenirs mal rangés.

"Treatment not Cure" est une sorte d'enchantement à la fois morbide et sensuelle et situe d'emblée l’auditeur dans ce monde fait de contrastes, de tensions et de beautés froides. L’électronique, répétitive, d'abord en arrière plan, accompagne la magnifique voix d'Olivia Louvel, l’illumine, la met en valeur subtilement avant d'opérer plusieurs revirements et d'occuper le premier plan. Les ruptures et les expérimentations offrent des luminescences remarquables, offrent des points de repères.

La multitude de contrastes de Capture en est un des atouts premiers. Enregistré dans les studios d'Alan Wilder (Recoil), "Coma Idyllique" oscille en trip hop, indus et gothique. On ne voit parfois les univers que de loin : on les devine plus qu’on les perfore, on les imagine. "La Coco", étonnante reprise d'une chanson des années 30, un accordéon comme seul instrument, se situe quasiment au centre de ce disque, qui reste une ode à la musique électronique. Bruits enregistrés ("Essence"), sons martelés et triturés, la musique est morbide (on pense à Pure sur "The Last Write") et abstraite. Sur "Room Service" sont crûment livrés, sur fond d'interférences sonores, les messages d'annonce d'une sorte de peep show : "Claudia à votre service. Prends-moi, j’aime ça, tu ne le regretteras pas." Enivrant, fracassant, remuant et poignant, Capture s’apprivoise, se dévore, mais ne s’ignore pas.

DIGITAL INTERVENTION, Capture
(0101 Ici d'Ailleurs)

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