ELBOW
Cast of Thousands
par Pierre
ELBOW, c'est une somme de souvenirs brouillés.
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ELBOW
Cast of Thousands |
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L'âge aidant, j'ai la cervelle qui se ramollit drôlement.
Je nous revois à l'automne 97, affalés dans le canapé en train d'attendre
le type qui allait faire une entrée biblique avec sur lui le nouveau single
de BLUR ("Beetlebum", oui, à cette époque il n'y avait pas de
filesharing, alors le type qui avait les promos on le soignait, croyez-moi).
Alors, qu'est-ce qu'on faisait? On écoutait encore la copie cassette de
"Beetlebum", avec la fin qui fait cloc, d'un coup, "tu pouvais pas l'enregistrer
correctement, non?" (plus tard ce soir-là, nous découvrirons que la chanson
finissait vraiment en faisant cloc, d'un coup).
En ensuite? On a écouté un truc, un énième sursaut brit-pop ; pas un BLUETONE,
pas un GENE, pas un MARION, pas un MENSWEAR, non, un truc que jusqu'à
peu j'identifiais comme étant ELBOW. Je ne sais plus maintenant, c'est
flou tout ça. Je sais que c'était un groupe dont le nom évoquait de près
ou de loin le tennis, et que ça ne valait pas tripette.
Après quelques écoutes de ce "Cast of Thousands" d'ELBOW, je me suis rendu
à l'évidence, ce ne sont pas ces types qu'on a écouté ce soir-là. Ce n'est
tout simplement pas possible, leur disque est bien trop bon pour coller
avec mon souvenir pâteux de rengaine poussive.
Alors, devant une telle surprise, bercé par les rythmes lancinants de
"Ribcage" puis le martèlement frénétique de "Fallen Angel" je retrouve
de nouvelles miettes de souvenirs ELBOW related. "Mais je les ai vus en
concert, ces types!".
Le festival des Inrocks 2001,
tout un poème. Que dis-je, une tragédie. L'usine d'AZF fait boum, la ville
toute entière a le cœur qui fait boum. Le Bikini est transformé en puzzle
3D géant. Les dates toulousaines de la tournée se retrouvent sdf. Tout
le monde se finit à la salle des fêtes de Ramonville (qui héberge aujourd'hui
encore les concerts organisés par le
Bikini). Du point de vue billeterie, le festival est un échec. Du
point de vue artistique, les conclusions sont tout autres, la programmation
était cette année-là riche et brillante (TELEPOPMUSIK, CLEMSNIDE,
LIFT TO EXPERIENCE, HAWKSLEY WORKMAN, MERCURY REV), dont ELBOW. Un public
confidentiel, une salle comme un hall de gare, au milieu d'un eldorado
hi-tech local… étrange mise en scène dans laquelle se fondit à merveille
ELBOW.
Des types assis sur leur chaise,
pour mieux rentrer au fond de leur musique, comme on enfile un costume
avant de monter sur scène donner sa performance. Une prestation magnifique.
(j'ai du les interviewer ce soir-là, ces types, va falloir fouiller les
archives 2001…)
Après maints détours intellectuels, j'ai remis mes synapses en ordre et
enfin rangé ELBOW à leur place mérité.
ELBOW, prouve avec des titres comme "Buttons ans Zips" ou "Grace Under
Pressure" qu'il existe une alternative à RADIOHEAD dans la rubrique pop
sur-émotive. ELBOW c'est post-brit-pop, à moins que ce ne soit tout simplement
post-pop. Parce que pas si brit que ça, on leur trouverait de la famille
chez les FLAMING LIPS ou GRANDADDY.
Vous avez vu? Ils sont vraiment remontés dans mon estime.
FunkyRate :
ELBOW, Cast of Thousands
(V2)
http://www.elbow.co.uk
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