Je ne suis plus de pierre

SYD MATTERS A whisper and a sigh

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Il m'arrive, semble-t-il d'une manière récurrent ces derniers temps, d'être un peu long à la détente, de ne pas m'avouer certaines choses, voire de ne même pas savoir qu'il y a quelque chose à m'avouer. J'ai venté les mérites il y a quelques temps déjà du premier 45 tours de Syd Matters, et puis, bizarrement je n'ai rien dit sur cet album, faisant pourtant suite à la "victoire" du groupe parisien dans le concours de jeunes talents (CQFD) organisé l'an passé par les Inrockuptibles.

La première raison est simple. Quand j'ai entendu "A whisper and a sigh" la première fois, je m'en souviens bien, c'était dans la voiture d'un pote, j'ai été loin d'être soufflé. Faut dire que le pote en question crachait un peu sur Syd Matters, sans bien fondé, et que je zappais, trouvant que chaque titre se ressemblait. Je m’attendais peut être aussi à quelques chose de trop phénoménal ?

A la Route du Rock, un peu timides, un peu scolaires, pas vraiment rock stars, les Syd Matters m'ont rappelé à l'ordre, m'ont rappelé que mon jugement rapide était forcément éphémère. Et là, depuis trois semaines, je constate quoi? Et bien je constate que j'emmène ce cd en vadrouille avec moi, que je l'écoute fréquemment, que je suis touché. Mais oui, touché!

Chant en anglais très bien assuré, parfait sens de la mélodie et du refrain, maniement intéressant des changements de rythmes, claviers percutants ("Stone Man"), les Syd Matters savent créer des morceaux qu'on retient d'un coup, qui frappent et qui font taper du pied, qui choquent et qui emplissent d'une certaine mélancolie ("Love and Sleep"). Les titres qu’on connaissait déjà font toujours leurs petits effets, plus particulièrement "Black and White Eyes" et "Bones". La guitare, la voix, les ambiances : on reconnaît rapidement une marque de fabrique Syd Matters, un son Syd Matters, ce qui est, ma foi, un excellent signe.

Jonathan Morali, l’âme du groupe, prouve des talents de songwriter hors pair, puisant dans ses références personnelles : on pense à Nick Drake, à Radiohead ("Have a nice day"), à plein de trucs, mais c’est pas si important que ça. On tient là de la pop quand on en fait plus ou pas par chez nous, on tient là des tubes ("Bottle of Olympus") qui pourraient bien rester si Syd Matters atteint le public auquel il aspire et qu’il mérite indéniablement, malgré les mauvaises langues.

SYD MATTERS, A whisper and a sigh
(Third Side)

http://www.thirdsiderecords.net