DANDY WARHOLS
The Back Album
par Pierre
Il y a des disques qui font carrière dans l'ombre,
dans les réseaux brumeux des hard-core fans qui en perpétuent la mémoire
discrète ; hier à coups de copies K7, aujourd'hui de CDr, de MP3...
on citera "Smile" des BEACH BOYS, les sessions Trident des STONES, la
version alternative de "Machina" des SMASHING PUMPKINS, "Sunny Sunday
Mill Valley Groovy Day" de FRANK BLACK, "The Soft Bulletin Companion" des
FLAMING LIPS... autant de disques qui pourront paraître purement dispensables
au commun des auditeurs, mais qui seront religieusement célébrés par
les fidèles des églises précitées.
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DANDY WARHOLS
The Back Album |
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"The Black Album" a longtemps fait partie de cette
fratrie de l'ombre, cette branche obscure de la grande famille du disque.
A fait partie, car aujourd'hui le "Black Album" devient accessible au
public, et non plus à une seule élite de fans éperdus des DANDY WARHOLS.
De quoi s'agit-il, finalement?
Après le petit succès de leur premier album "Dandys Rule OK" sorti chez Tim Kerr
records, les DANDY WARHOLS signent avec Capitol ; et plein d'enthousiasme
s'emploient à enregistrer
ce qui devrait être leur second album, "The Black Album". Nous sommes alors,
en
1996 - ça, c'est pour ceux d'entre vous qui aiment les dates. Malheureusement
pour les DANDYS de Portland, la copie rendue ne satisfait pas Capitol, qui renvoie
le groupe à son ouvrage, avec pour mission d'enregistrer une nouvelle mouture
de l'album, plus conforme aux attentes de la major.
Les DANDY WARHOLS accouchent alors de "Come Down", second album publié, avec le succès que l'on sait.
Dès lors, "The Black Album" devient une chimère semi-taboue, dont la mention
en
interview ne produit que des réponses lasses.
Puis le temps passe, le groupe apprend à vivre avec Capitol, produit un tube
gigantesque, "Boho", bombardé bande-son des pubs télé vodaphone, qui leur donne
un statut de groupe à succès qui trouve enfin écho à ses exigences artistiques
- enfin, presque puisque le mix original de leur quatrième album "Welcome to
the Monkeyhouse" par Russel Elevado reste à ce jour inédit.
Tout cela nous emmène en 2003, et sept ans de réflexion plus tard : le groupe
décide
de publier l'album maudit, en l'état, comme témoin du travail du groupe à l'aube
de l'explosion de sa carrière.
Alors qu'est-ce qu'on trouve dans ce "Black Album"? De nombreux titres que l'on
connaît dans "Come Down", mais présents ici dans une version plus brute, moins
glam... beaucoup plus Portland underground : "Good morning", "Boys", "Minnesoter".
On reconnaît également des faces B devenues des standards des sets lives du groupe : "White
Gold", "Crack Cocaine Rager", "The Wreck"...
Comme son nom l'indique l'album est beaucoup plus noir, sombre et brutal que
le reste de la discographie connue du groupe, certainement plus fidèle à l'identité live du groupe dans sa première période, avant l'explosion marquée par "13 Tales from Urban Bohemia".
Les guitares de Pete Holström sont divinement bruyantes, touffues et rageuses
; Zia Mc Cabe s'en donne à coeur joie avec des morceaux qui sont pratiquement
que pour elle ("Shiny Leather Boots") et enfin des pistes commme "Earth to the
Dandy Warhols" laissent le groupe s'emballer dans des détours bruitistes et planants
qui sont de délicieux pendants bordéliques à ceux de "Rave Up" sur "DROK".
A cette époque Courtney Taylor-Taylor ne se prenait pas encore pour un artiste complet (réalisateur-songwriter-performer) et se contentait de servir comme une brute arty ses chansons. Et puis surtout, à cette époque-là, Zia Mc Cabe finissait ses concerts les seins à l'air.
"The Black Album" est un instantané des DANDY WARHOLS en 1996, avec tout ce que
le groupe suscitait d'excès et de gesticulations rock'n roll ; encore jeune,
indompté et spontané.
Il s'agit ni-plus ni-moins du groupe tel qu'on peut le voir mis par
en images par Ondi Timoner "Dig!" (2003, qui met en scène deux ans de
tournées
des DANDY WARHOLS et de leur double noir Anton Newcombe et son BRIAN
JONESTOWN MASSACRE).
"The Black Album" est un must-have pour tous ceux qui se sont pris d'amour pour
les DANDY WARHOLS ; pour les autres, c'est un bon disque parmi tant d'autres. "The
Black Album" est disponible en VPC sur le site du groupe, finalement en totale
auto-production. Commercialisé 30$ port compris (ce qui est assez honnête compte
tenu du cours du dollar) il est accompagné d'un second disque bonus : "Come
on
feel
the Dandy Warhols", compilation de raretés et faces B. On trouve là quelques
pièces terribles : la version 'Tony's Basement' du tube "Junkye", la torride "Dub
Song", le beastie-boyesque "One ultra lame white boy", l'indispensable "Head" et
toute une série de reprises plus ou moins réussies.
Un très bon achat, finalement.
FunkyRate :
DANDY WARHOLS, The Back Album
(Autoproduit)
http://www.dandywarhols.com
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