MITCHELL AKIYAMA If night is a weed and day grows legs

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Armé d’un ordinateur, Mitchell Akiyama (moitié de DESORMAIS) enrobe ses notes de piano, esseulées et répétitives, de nappes, de bleeps, de triturations lumineuses. Là où RM 74 défigurait totalement le piano, Akiyama s’atèle à une simple déconstruction, révélant magnifiquement des pièces minimalistes d’une rare intensité.

Les variations électroniques perturbent la luminosité inhérente à chacun des morceaux. Eclipsant le piano, ou le mettant en valeur, les compositions digitales suggèrent un univers sombre, perdu, dans lequel l’espoir pourrait enfin renaître. "Enfin, rien n’est gagné" indique Akiyama, plongeant l’auditeur dans des remous terrifiants, dans un court instant de bruit particulièrement pénétrant, comme si on était pas passer loin d’une apocalypse.

Le canadien, accompagné pour l’occasion de la violoncelliste Beckie Foon (A Silver Mt Zion, Set Fire to Flames) ne mise pas sur la contemplation du silence. "Il n’y a pas de silence", titre-t-il un des morceaux les plus resplendissants de l’album. Il joue sur la proximité avec le silence, flirtant avec, ne s’en écartant jamais vraiment.

Infimes contrastes et répétitions se répercutent sur l’auditeur, pris, ligoté pour mieux être libéré. Si Steve Reich, référence incontournable pour Akiyama, vient en tête, on peut évoquer ici Sylvain Chauveau, Fennesz ou Howard Hello. Fragmentées, tordues dans tous les sens pour leur donner un aspect singulier, les notes, les structures micro-électroniques, les nappes, le violoncelle, s’imbriquent limpidement, au service d’une esthétique parfaite.

La beauté qui se dégage de "if night is a weed and day grows legs" est surprenante. Une beauté sombre, froide par moment, mais universelle et trop rare.

MITCHELL AKIYAMA, If night is a weed and day grows legs
(Subrosa)

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