MIGALA
La incredible aventura
par Quentin
Et le tigre est en toi
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MIGALA
La incredible aventura |
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Migala a une place à part. Le groupe madrilène, l'espace de trois albums ("Diciembre 3 A.M.", "Asi duele un verano", "Arde"), a construit une oeuvre complète et magnifique. Les thèmes récurrents de la chaleur et du froid, des fissures et fêlures, des maux et des souffrances, de la perte, de l'oubli étaient traités avec une sensibilité unique. Se retrouvant dans une impasse, le groupe se sépare, avant de renaître de ses cendres.
L'incroyable aventure, ce n'est pas seulement ça. Le groupe a changé, la musique n'est plus la même. Migala explore des directions sonores seulement suggérées jusque là. Le son en lui même a changé. Abel Hernandez, chanteur/guitariste à la voix fiévreuse, a économisé ses talents. Il ne chante qu'à deux reprises. De cette frustration découlent deux états de fait: d'une part les mots prononcés par Hernandez prennent une signification plus forte, d'autre part, on est amené à se plonger plus librement dans les espaces sonores, guidés ça et là par des samples exquis.
Le groupe a eu peur de mourir. Il se jette corps et âme dans un disque dont les morceaux devraient prendre une envergure impressionnante en live. Les étoiles n'ont ni nom ni lumière constate Hernandez ("Your star, strangled"), dans une des deux pièces folk du disque, lui servant d'ossature. Les morceaux instrumentaux révèlent une certaine urgence. D'emblée ("El imperio del Mal"), Migala annonce la couleur: "La incredible aventura" est un disque qui puisse son énergie dans les instincts les plus primitifs de ses auteurs.
Ce côté tribal, récurrent ("WWW (Searching for the Wicked Witch of the West)"), confère un relief nouveau à la musique de Migala. Basées sur la progression, les envolées sont tantôt un peu téléphonées, tantôt totalement ébouriffantes. Mais, hors mis un " el tigre que hay en ti" insipide, chacun des morceaux nous transporte, véhiculant une série d'images à collectionner dans l'album panini de nos cerveaux. "Sonennwende", dont le début évoque The American Analog Set (claviers / bruits d'explosion), prouve qu'on peut procurer un large éventails de sensations auditives tout en faisant bref. Un titre qui contraste avec l'épique "Lecciones de vuelo con Mathias Rust", dont les remous mogwaïo-pink floydesque ne prennent toute leur mesure qu'après plusieurs écoutes.
Ce post rock qui n'en est pas un, s'appuie sur des riffs de guitares aiguisés et sur une batterie omniprésente, s'appuie sur les contrastes justement, sur ces moments où l'on passe du calme à la tempête, imperceptiblement. Il y a quelques années ("Finnegans Late EP" sorti sur Elephant, 2000), Migala évoquait un "Mexico" imaginaire, auquel il renonce désormais ("As you know, we'll never go to any Mexico"), préférant nous embrigader dans une aventure plus abstraite, plus héroïque, plus intérieure. Il est bon de sortir ses tripes parfois.
NB: le Cd est livré avec un DVD, accentuant le
côté visuel de la musique de Migala. 10 clips incontournables.
FunkyRate :
MIGALA, La incredible aventura
(Acuarela)
http://www.acuareladiscos.com
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