CASTANETS
Cathedral
par Pierre
Tout avait pourtant bien commencé pour que je vous parle de DEVENDRA BANHART.
|
CASTANETS
Cathedral |
Achetez ce disque! |
|
|
Oui, ce type, dont l'éminent Quentin a déjà dit beaucoup de bien dans nos pages. Encore un que j'ai splendidement ignoré. Jusqu'à me ressaisir, et bien décidé à rattraper mon retard, j'avalai une large tranche de sa discographie. Le résultat fut un brutal étouffement, et mon renoncement. Bien plus tard est arrivé le récent "Niño Rojo" avec le nom de son auteur écrit en tout petit. Candide, j'écoutais, donc.
Nous étions samedi, et j'étais bien déterminé à commencer la semaine avec l'éloge de DEVENDRA BANHART. Ce ne sera qu'un fugace éloge, puisque l'écoute dimanche du "Cathedral" de CASTANETS remit toutes mes vérités en cause.
Initialement attiré vers ce groupe par son nom cocasse - à savoir la reproduction
du nom d'une paisible commune de banlieue toulousaine - mon enthousiasme
dépassa rapidement les strictes limites de l'hilarité suscitée par l'anecdote
déclencheuse.
Bon, vous êtes perdus, je le sens bien. Imaginez un groupe US baptisé
THE MASSY-PALAISEAUS, ou THE PLESSY-PATES... vous êtes belge, imaginez
THE JAMBES... vous êtes breton, pensez aux CESSON-SEVIGNES... les exemples
sont légions. J'imagine que vous comprenez mieux maintenant comment
ce groupe m'a d'abord interpelé.
Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai pensé aux castagnettes - instrument
fort absent de ce disque ; c'est un détail qui ne méritait pas d'être
souligné.
Il faut préciser que nous sommes très loin de Castanet (31), mais à San
Diego, California. Mais on n'a pas du tout l'impression d'être à San Diego,
on se croirait plutôt dans un trailer garé derrière le jardin de CALEXICO,
au fin fond du Nouveau-Mexique.
La musique de Raymond Raposa, cerveau de CASTANETS, est emprunte de country
grasse et cradingue, bercée de rythmes lancinants, traînants, douloureusement
ralentis. La bride passée à la vie urbaine, un salvateur retour à une
douce lenteur pragmatique, encrée dans la terre. Les chansons de CASTANETS
sont profondément matérielles et charnelles. De la chanson de tripe. Pas
de la ritournelle fredonnée sans conscience, dans la plus parfaite inconséquence.
"Cathedral" sonne comme une vraie petite homélie païenne. Un prêche déclamé dans le désert du monde moderne. Poignant.
Encore un gars qui s'adresse à l'âme de son auditeur, sans détour, déballant sans retenue ses joies, ses peines, ses sentiments.
Ces textes sont appuyés par un folk/country planant à raz de terre, lorgnant vers le jazz ou le rock psyché-expérimental d'un VELVET ou de DOORS au bord de la transe chamanique.
Le drifter Raymond Raposa vous propose avec "Cathedral" d'embarquer pour un drôle de head-trip. Il serait dommage de rater le départ.
FunkyRate :
CASTANETS, Cathedral
(Asthmatic Kitty)
http://www.asthmatickitty.com/
http://www.asthmatickitty.com/contributors/castanets.html
|