Will the night last forever

LOW A lifetime of temporary relief

Achetez ce disque!

Low est un groupe culte. Il a ses adorateurs, ses détracteurs, il a ses histoires internes, ses moments d'anthologie. Récemment, on a frisé la rupture. Avant la sortie d'un album début 2005, Low sort une exceptionnelle compulsion de morceaux, pour la plupart inédits ou introuvables. Comme le trio n'est pas avare en collaborations extérieures, en singles, en sorties confidentielles, il y avait de la matière. On la retrouve sur trois disques et un DVD.

"A lifetime of temporary relief" offre un panorama complet sur les capacités du groupe, sur les périodes traversées. Pourfendeurs d'un sLOWcore sombre et mystique, Alan Sparhawk, Mimi Parker et Zak Sally voient la beauté aux travers de chansons douces, minimales, habitées. A l'instar de ce que l'on trouve chez Bedhead, de longs et passionnants passages instrumentaux sont intégrés au sein des morceaux, offrant des ornements superbes au chant. Les voix de Sparhawk et Parker, respectivement mari et femme, sont profondes et rares, se joignant uniquement pour le meilleur.

Les démos dépouillées ("Lullaby") sont sans concession, presque opaques. Le climat de lourdeur de "The Prisoner (demo)", amenée par une basse hypnotique, véhicule des images oppressantes. D'ailleurs, les démos, d'une manière générale, avec leur son un peu crade, sont très cinématographiques, très visuelles. On serpente au travers de territoires explorés autrefois avec le groupe, notamment sur l'album "Songs for a dead pilot". La guitare est saturée, les percussions, heurtées, sporadiques, sont parfois à la base même de ce qui rend le morceau si poignant. Un des sommets du coffret est en outre une démo: "Will the night", morceau qui conclut tous les concerts du groupe. A en frissonner.

Low n'avait pas été aussi intéressant sur ce disque depuis Secret Name en 1999. Des petites perles, souvent des faces B, forment un collier d'une valeur inestimable. En témoigne les brefs et exquis "David & Jude" et "Try, Try, try": deux condensés de la magie dont Low est capable grâce aux seuls organes vocaux.

Le groupe excelle aussi en matière de reprises. Low attaque le répertoire des autres comme si c'était le sien, s'approprie les morceaux sans les vider de leur sens originel. Citons par exemple "Fearless" de Pink Floyd ou le somptueux "Last night I dream that somebody loved me" des Smiths. Mention très spéciale à "I started a joke" et à "BLOWin' in the wind". Le livret (très complet et intéressant), fournit dans le coffret, nous apprend que l'enfant de Alan Sparhawk et Mimi Parker avait le droit à "Surfer Girl" des Beach Boys, chanté par ses parents, pour s'endormir. On en retrouve une très agréable version ici.

Si le coffret reste un objet de fans, je ne saurai le conseiller à tous les curieux. Seul le DVD d'ailleurs s'apparente à un réel truc pour fan. Il est d'ailleurs assez passionnant. Le documentaire "Closer than that" permet de se plonger dans l'univers quotidien du groupe, de saisir les rapports qui unissent deux mormons (Parker et Sparrhawk) avec un ami agnostique. Inutile de décrire tout le contenu, je vous laisse découvrir les clips et autres documentaires, qui valent tous la peine d'être visualisés.

Si vous êtes fans, vous avez sûrement déjà achetés de disque. D'ailleurs peu de fans liront cette chronique. Si vous n'êtes pas fans, peut-être tomberez vous sur cette chronique. Parfois, j'ai envie d'aller chez un disquaire, n'importe lequel, et de lui dire: "étonnez-moi" ou "faites moi écoutez quelque chose qui va me changer". "A lifetime of temporary relief", et a fortiori Low en général, à la capacité de tout changer.

LOW, A lifetime of temporary relief
(Rough Trade)

http://www.chairkickers.com