Voici venue l'heure de ranger les jouets et les guitares.

LUNA Rendezvous

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Je ne sais pas comment vous prenez l'annonce de la prochaine séparation de LUNA, mais moi ça m'en fiche tout de même sacré un coup.
Parce que Dean Wareham et LUNA, ça n'est pas Sheila qui nous fait la comédie de ses adieux officiels tous les 36 mois pour mieux revenir ensuite. Non, si on nous annonce la fin de LUNA, c'est vraiment la fin. Mais ne nous lamentons pas trop longtemps, car les membres du groupe n'ont certainement pas dit leur dernier mot ; et souvenons-nous que LUNA est né des destinées croisées de quelques expatriés de groupes en conflit ou en rupture. Des bouts de GALAXIE 500, CHILLS, FEELIES, BEN LEE... tout ça formait LUNA pour notre plus grand plaisir depuis 12 ans.
Et demain quoi? Britta Phillips laisse entendre une éventuelle collaboration avec SONIC BOOM (un groupe avec des bouts de SPACEMEN 3 dedans, mais pas les bouts qui sont dans SPIRITUALIZED, hein). Enfin, on devrait voir paraître d'autres albums signés "Dean and Britta".

Voilà oubliée la nostalgie suscitée par l'annonce de cette liquidation, nous pouvons reprendre le sourire extatique de rigueur à l'écoute de ce nouvel et dernier album de LUNA, "rendezvous".
Bon, comment dire? On n'est pas volé. On vient écouter le dernier LUNA, et c'est bien cela qu'on trouve. Ni plus, ni moins. La formule LUNA se trouve aujourd'hui poussé à son point d'évolution ultime. Parti d'un bouillon de culture "Fuzzy Wuzzy" pour dériver vers un miracle pop, brillant des milles enluminures apportées par les perles mélodiques qui sont aujourd'hui la signature de LUNA. Un héritage - d'aucuns diront une obsession - LOU REED et VELVET qui s'exprime autant par une propension à tronçonner le manche de la guitare "New York city, baby!" que par une facilité déconcertante à envoyer des plans mélodiques géniaux, comme ça, l'air de rien. Pan! Des types peuvent passer des journées à chercher des mélodies imbattables, à la fois sophistiquées et épurées, belles et accrocheuses... des journées? Que dis-je? Des mois, des années... Bref, chez LUNA, on dirait que ça vient comme ça, naturellement. Aussi facile et naturel que respirer. Aussi vital, également. C'est bien cela qui les classe comme artistes d'exception, dans la même catégorie que le VELVET UNDERGROUND, justement, ou les BEATLES, pour faire simple.

Ce dernier disque, lui, possède une sorte de mélancolie de rigueur. Impression due à la majorité de titres mid ou down tempo. Ce "Rendezvous" n'est pas frénétique. On sent un groupe dont chaque membre savoure l'achèvement d'une page de sa vie d'artiste. Voilà, c'était ça LUNA. Certains pourront regretter cette atmosphère proche de brumes lounge, ou encore, comme on peut le lire dans la presse US, "french pop" (ah, ah, ah). Moi je trouve plus de cousinage chez PULP : la même finesse, la même richesse. Et puis, pour rentrer à NYC, on ne pourra s'empêcher de trouver des similarités de trajectoire avec YO LA TENGO et son dernier "Summer Sun" très sophistiqué, très ouvragé.

Oui, LUNA atteint le bout de sa piste. La poursuivre n'amènerait certainement rien de mieux, peut-être de l'excès. Dean Wareham ne sera jamais LOU REED et c'est aussi bien comme ça.

LUNA, Rendezvous
(Jetset)

http://www.fuzzywuzzy.com/
http://www.jetsetrecords.com/