Dans la grande tradition sixties des albums de 40 minutes, aujourd'hui, j'appelle THE CONCRETES.

THE CONCRETES The Concretes

Achetez ce disque!

Oui, le jeune, avant le cd et ses 74 minutes - pour faire plaisir à Karajan, grand fan de la neuvième de Beethoven - la musique était commercialisée sur un support discoïde fait de vinyle que l'histoire a retenu sous le nom de LP, 33-tours, vinyle...
Voilà pourquoi, avant la révolution CD, on s'efforçait d'exprimer son propos en une quarantaine de minutes - contenance maximum du bidule.

Moi, j'aime bien ce format. Au-delà de tout mon amour pour le disque vinyle, j'apprécie considérablement l'unité narrative imposée par sa durée. C'est à la fois court, faut aller droit au but ; mais c'est aussi relativement long, on peut quand même raconter une belle histoire, en filer à l'auditeur pour son argent. La réussite d'un album de 40 minutes entend une oeuvre ramassée, un condensé de bonnes idées. Pas de place pour le "pas mal", on garde que le meilleur. Un résultat saturé. Mais moi, j'aime ça.
A noter que 74 minutes de bonnes idées, ça peut faire trop. En musique, comme en cuisine, il vaut mieux laisser le client sur sa faim, on est sûr de le voir revenir.

Voilà, à part quelques comparaisons honteuses d'usage, j'ai pratiquement dis tout ce qui se devait sur l'album de THE CONCRETES. 40 minutes de pur bonheur, délicieux et jubilatoire. 74 de la même sauce nous casseraient les bonbons ; 40, c'est juste ce qu'il faut pour qu'on remette le disque au début sitôt fini.

Alors qui sont THE CONCRETES, finalement? Il s'agit ni plus ni moins d'une bande de kids de Stockholm qui sont en train de devenir la petite hype du moment. THE CONCRETES répandent sur la Scandinavie, les USA, la Grande-Bretagne (grâce à un deal avec EMI, tout simplement). En tournée US avec THE THRILLS, leur adresse e-mail répond poliment "ils sont pas là, ils sont en train de conquérir le monde".

C'est vrai qu'ils ont tout pour plaire. Leur argument principal réside dans une collection étonnement épaisse de killer-songs imbattables. Le genre de chanson qui relève un album, qui fait la locomotive single qui tire le reste du train. Et bien, les amis, chez THE CONCRETES tout est fait du bois dans lequel on oeuvre les singles. Oui, les enfants, que du bon. Il y a à boire et à manger, jusqu'à l'ivresse.
Ces types ont accumulé tout ce qui fait de la pop song jouissive, fraîche et sautillante. A la fois fin et naïf, brutal et sophistiqué, cet album éponyme collectionne toutes ficelles les plus efficaces qu'on ait trouvé depuis le début de l'histoire de la pop-music.
Les mélodies idiotes, ça marche? Oui, alors on en met. Les gens aiment les cuivres? Oui, alors on en met, et beaucoup. Des jolis plans à la guitare? Mais oui madame, ça ira tellement bien avec votre orgue vintage bien planant. Et le batteur, qu'est-ce qu'on lui fait faire? Poum-tchak-poum-tchak de la façon la plus binaire possible? Mais oui, mais oui!
Mais finalement, est-ce qu'il ne s'agit pas de piller tout un héritage spectorien, psychédélique, VELVETESQUE sans aucune vergogne? Le faire sien, comme si le passé n'avait été là que pour constituer une data bank de bonnes vibrations? Oui, oui, vous avez tout compris.

THE CONCRETES ont assimilé le passé pour mieux fondre le futur, tout comme leurs cousins THE GO! TEAM ou THE AVALANCHES. Après tout, on a inventé le hip-hop comme ça.

THE CONCRETES, The Concretes
(Licking Fingers)

http://www.lickingfingers.com/