Passé honteusement inaperçu en juin dernier, ce splendide album de WILCO s'est récemment imposé à nos oreilles, presque par hasard, presque par la voie de la justice divine. La justice suprême de la pop music : "tu écouteras ce disque, mécréant, car c'est une merveille. Tu en chanteras les louanges. Maintenant, vas, parcours la terre, et répands la bonne parole".

WILCO A Ghost is born

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Mais Dieu ne s'occupe pas de la musique profane. Et il s'en félicite. Vous vous imaginez quel serait son emploi du temps, s'Il devait se consacrer à tous les groupes brillants mais sous-exposés ? Il serait débordé. Déjà qu'Il est bien occupé avec la musique sacrée, ses messes, ses motets... alors le rock'n roll est laissé aux mortels.

Le groupe de Jeff Tweedy, renforcé de Jim O’Rourke depuis le précédent album "Yankee Hotel Foxtrot", produit un condensé de rock indé US. Presque un testament, pour rester biblique. "A Ghost is born" est une synthèse parfaite de ce que la musique américaine - j'ai lu Americana, récemment dans un magazine rock'n roll intellectuel dont je tairai le nom - depuis le proto-folk, les barbus de la west-coast, les song-writers nerveux à guitare, les punks urbains, les new-yorkais bruyants, les ados en jeans troués...
Oui, lecteur, je te parle d'un disque qui évoque un héritage monumental, mais qui, à aucun instant, ne semble écrasé par celui-ci. WILCO soutient toutes les comparaisons, assume dignement ses multiples filiations, aussi encombrantes qu'un marquage au fer chaud sur le cul d'une vache volée.
Oui, je parle de types, pour qui se réclamer fils de WOODY GUTHRIE, NEIL YOUNG, ROBERT WYATT, NEU, TELEVISION, REM, SONIC YOUTH n'est pas usurpé. WILCO fait, depuis presque 10 ans, partie de la famille des délicieux magiciens protéiformes du rock US : FLAMING LIPS, GRANDADDY, MERCURY REV, BLITZEN TRAPPER... Qu'on ne s'y trompe pas, WILCO est un groupe majeur.

Sa force réside dans son habilité, en particulier sur ces deux derniers albums, à mêler structure de folk-song classique et digressions noisy faussement brouillonnantes. Des envolées tortueuses propulsées par des guitares délicieusement crasses et échevelées. Finalement, tout ce qu'on aime dans le rock'n roll est là : des jolies mélodies, des grands coups de guitare saturée, puis des harmonies apaisantes... et par-dessus tout ce sympathique fourbis, une poésie distordue qui provoque un abandon léger.
La grande baffe de musique belle et brute est encore ce qu'on a trouvé de mieux pour échapper une heure durant au monde réel.

Rien que pour ça, ce disque est indispensable.

WILCO, A Ghost is born
(Nonesuch)

http://www.wilcoweb.com/
http://www.nonesuch.com/