Si vous n'allez pas au Michigan, le Michigan vient à vous!

Le concert doit commencer à 20h. Mais bien sûr, jamais rien ne se déroule comme on le prévoit : Sufjan Stevens, son groupe, ainsi que Nicolaï Dunger qui doit faire la première partie (ils voyageaient tous ensemble) se sont fait arrêter 6h à la frontière Américano-canadienne...L'histoire ne dit pas pourquoi, mais le concert commence plus tard que prévu.

La toute première partie débute donc vers 22h15. Les instruments à peine installés sur la scène, une petite brunette (que tout le monde prenait pour une roadie) s'excuse du retard et commence à chanter. Pendant quelques minutes, je me suis demandé si c'était une moitié de Cocorosie arrivée sur scène. Même voix enfantine mais sauvage et indomptée, mêmes chansons bancales mais poignantes faites de bouts de ficelle et d'instruments un peu bizarres...Juste un peu plus dépouillées (normal, elle est seule sur scène). On a droit à trois très jolies chansons. Toutes trois un peu barrées mais attachantes, dont une dernière dans un français quasi-parfait. On apprends alors qu'elle s'appelle Sheara (ou quelque chose comme ça) et qu'elle fait partie du groupe qui accompagne Sufjan Stevens.

...ainsi font font font trois p'tits tours et puis s'en vont ! La troisième chanson terminée elle disparaît. Monte sur scène pour la remplacer, Nicolaï Dunger. A côté du lutin qui nous a charmé en trois chansons, il apparaît un peu comme un ours. Mais bon, la mélodie qui sort de sa guitare 12 cordes est très jolie...alors on écoute attentivement. On commence à faire la grimace quand arrive le chant : Nicolaï a une jolie voix quand il veut, mais ce soir, il braille, et c'est pénible. Lui aussi se retire après trois chansons ! Et dans la salle, personne ne le regrette.

Le public, d'une patience incroyable, ne manifeste aucun signe d'énervement en attendant Sufjan Stevens et son groupe. Quelques minutes passent, puis déboulent sur scène 5 musiciens en uniformes bleus marine aux écussons du Michigan, casquette rouge et foulard/drapeau américain au cou. Sufjan Stevens arrive carrément sur scène avec un drapeau américain en guise de cape. On sent quelques instants de malaise dans la salle...Vu l'actualité internationale, ils pourraient bien tous se faire huer ! Mais avant que quelqu'un n'ouvre les hostilités, ils ouvrent les festivités à toute allure, avec une chanson qui nous fait traverser tous les états américains, et surtout avec un tel entrain teinté de second degré. En à peine un couplet, tout le monde a le sourire jusqu'aux oreilles.

Moi qui pensait voir un concert folk presque "religieux", je me trouve devant une espèce de Belle And Sebastian américain (trompette et banjo inclus) qui fait des harmonies vocales à tout va. Les filles chantent trop bien, le son est parfait malgré l'absence de balance : c'est trop bien !

Le concert continue comme ça pendant une demie douzaine de chansons à la joie communicative, principalement tirées de l'avant dernier album "Greetings From Michigan: The Great Lakes State". Entre les chansons, Sufjan, très proche du public, nous raconte l'histoire des chansons qu'il interprète, son adolescence...Puis on entre dans une phase plus mélancolique et douce, avec des chansons de son dernier album "Seven Swans". Entre temps, à la faveur d'une chanson que Sufjan interprète seul, le groupe a changé de déguisement : ils ont tous revêtu un T-Shirt blanc à plumes, tels cinq cygnes qui nous emmènent doucement vers la fin du set.

Tonnerre d'applaudissements. Un rappel "Super Sexy Woman", une chanson qu'il a écrit quand il était au lycée, interprétée à moitié comme une blague et à moitié comme une vrai bombe rock'n'roll. Maintenant tout le monde a la pêche pour aller se coucher! C'est malin!

Et voila une bonne soirée qui se termine…

SUFJAN STEVENS, Sala Rosa, Montréal, Novembre 2004
(Asmathic kitty)

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