Après avoir écouté jusqu'à épuisement "Fabulous Muscles", j'ai passé le disque autour de moi, suscitant des réactions très fortes, et plutôt négatives. Mais qu'importe, j'avais hâte de découvrir ce groupe sur scène, et je décidais d'aller seul au concert du Point Ephémère. Une nouvelle salle qui pourrait bien devenir une des "The place to be" de la capitale. Xiu Xiu joue à 23h. En attendant, je me vautre dans un des matelas disposé dans une des pièces qui compose ce lieu original. Je m'intéresse aux projections vidéos autour des matelas. Je lis les prospectus disposés ça et là. Je me lève temporairement pour jeter une oreille à Berg Sans Nipple, mais bizarrement je ne rentre pas dans leur set: je retourne me vautrer.

Dès les premières notes du concert de Xiu Xiu, le public (les gens autour de moi) est saisi. Le son est fort. Mais surtout, les saturations, les grésillements, les percussions stridentes, si chères à Xiu Xiu, et qui en font un groupe à part entière, sont parfaitement retraduites en live. Sur scène, ils ne sont que deux. Le line up est réduit. Le côté dépouillé, voire bricolé, exacerbe encore les tensions multiples mais libératrices qui rendent magique la musique de Xiu Xiu.

Harmonium trafiqué, percussions home-made, bidouillages: Lauren Andrews, à gauche s'affaire comme une damnée, ne laissant sur son visage transparaître aucune émotion, sauf une certaine froideur, qu'elle n'effacera qu'un temps, hurlant un refrain avec Jamie Stewart. Stewart, chanteur, compositeur, adepte des morceaux sur la souffrance, le suicide, l'amour, et tout et tout (les thèmes habituels du rock), est un guy next door. Je m'attendais à un mec un peu arty, un peu bobo, mais, il est presque insignifiant. Quand il se met à chanter, hurlant ou susurrant, il transmet des émotions très fortes à l'audience, frissonnante. Des vieux morceaux ("I broke up" Sj), des morceaux du nouvel album (sublime "Fabulous Muscles") s'enchaînent. Le tubesque Clown Towne séduit une audience médusée, qui comprend toutes les subtilités qui se cachent derrière les saturations, qui comprend que les saturations sont une sorte de voile que met Stewart entre lui et nous, comme pour se protéger de livre r ses maux. Stewart câline ses instruments, il les prend comme si c'étaient des nounours. Je suis attendri. J'aime ce concert.

Trop vite, le groupe s’arrête. Je pars en marchant le long du canal St Martin, regrettant que le groupe, qui a construit sa set-list à mesure que le concert avançait, ait oublié certains de ses tubes. A voir et à revoir bientôt, j'espère.

XIU XIU, Concert Point Ephémère

http://www.xiuxiu.org
http://www.acuareladiscos.com