THE ARCADE FIRE
Funeral
par Pierre
Bon, là, ça va encore être compliqué.
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THE ARCADE FIRE
Funeral |
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Encore un disque qui enlève les mots des doigts. Une
petite perle déviante qui se dérobe joyeusement à toute qualification.
J'ai bien lu la bio du groupe, j'ai rien compris. C'est pourtant une
suite
de phrases simples, avec plein de mots que je connais ; mais rien à faire,
j'ai rien compris. Ou presque. Ce qu'il faut retenir, c'est que si cet
album s'intitule "Funeral", ce n'est pas sans raison, le hardcore du
groupe, le couple Win et Régine, a connu tout récemment des disparitions
d'être
chers. Ces funestes évènements sont revendiqués par le groupe comme influences
majeures de l'accouchement de l’œuvre qui nous intéresse. A part ça,
les deux protagonistes sont fraîchement établis à Montréal, Canada.
L'un venant du pays immédiatement voisin au sud, la seconde fuyant
Haïti.
Voilà pour les présentations.
Ca ne nous avancera pas beaucoup. Et à la fois quand même un peu.
"
Funeral" est complètement explosé, éparpillé dans mille directions, mille ambiances...
mais tout autant cohérent, pertinent et homogène. Le facteur liant est ici inscrit
dans autre chose que le format, le genre musical pur. Ce qui crée l'équilibre
de cet album est au-delà, c'est une sensation globale, un sentiment profond provoqué par
l'écoute qui ne faiblit pas un instant. C'est une sorte de mixed émotion entre
le mélo, très très mélo, et l'excitation jubilatoire exacerbée. THE ARCADE
FIRE sait créer chez son auditeur un drôle d'état émotionnel entre la béatitude
extatique et le sanglot qui noue la gorge. Une sorte de d'éclat de rires et de
larmes en même temps.
C'est aux tripes que ça prend. Par plein de biais. Que ce soit par un chant qui
parcourt
un registre extrêmement large, de la douceur feutrée intimiste à la gorge déployée
;
ou bien encore dans un joli treillis de cordes. Tout est sensible, et d'autant
plus touchant que souvent utilisé à contre-emploi : un titre gai pourra être
porté par des cordes et un morceau plus triste tendu dans cette direction par
des plans de guitare super accrocheurs.
On emprunte généreusement à un héritage new-wave, et on mélange le tout à des
pulsions pop romantique. Le résultat est surprenant. Tout au long de "Funeral" défilent
piano, rythmes synthétiques, cordes, guitares, chuchotements et envolées sous
trois couches de reverb. Dans le même sac, de la ballade et de la musique de
danse, se prêtant mutuellement main forte. C'est très très efficace. On avait
rarement été aussi ému par une musique qui fait poum-tchak-poum-tchak ni aussi
excité par
des envolées de cordes sombres.
Les codes de la pop music pris à rebrousse-poil ; il y a longtemps que je n'avais
trouvé un disque qui me les dressait autant, les poils, justement. Frissons et
sourires niais sont les effets secondaires attendus. Alors courez écouter THE
ARCADE FIRE.
FunkyRate :
THE ARCADE FIRE, Funeral
(Merge records)
http://www.arcadefire.com/
http://www.mergerecords.com/
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