"Sur ma tombe, je ne veux aucune inscription, une pierre vierge parce que je voudrais laisser derrière moi le souvenir d’un grand mystère"
Eric Cantona, août 1993.

CANTONA A Sort of Smile

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J'avais toujours pensé que si un groupe osait se donner le nom de mon joueur de foot préféré, ce serait des mauvais garçons venant de Manchester l'industrielle, résumant les deux dernières décennies musicales de la ville et s'imposant comme un groupe phare, devançant les frères Gallagher comme Cantona devance encore Beckham ou Keane dans le cœur des Mancuniens. Mon idéal du groupe nommé Cantona serait à l'image de son idole : un son noisy-shoegazing façon Stone Roses & Madchester pour l'opiniâtreté et la volonté du King, la férocité du chant de Mark E. Smith et du grand The Fall pour ses incroyables sautes d'humeur et autres figures de karaté, la noirceur d'un Joy Division pour les déclarations maussades voire désenchantées et ses aspirations artistiques, l’énergie punk des sous-estimés Buzzcocks pour ses dribbles et son humour, tout en pouvant écrire un tube à la Oasis pour ses buts d'anthologie. Une vision appartenant, certes, à un monde parallèle dans lequel l'essence serait aussi chère que le malabar bi-goût, dans lequel le reggae aurait le même succès, la même exposition médiatique que le tube de Corinne Charby qui a succédé la boule de flipper, un monde dans lequel la télévision serait interdite et le cinéma obligatoire, dans lequel je serais marié à Lisa Germano...
Bref, j'étais forcément déçu de voir que le groupe Cantona nous vient de Seattle, dont le point commun avec Manchester n'est pas le football mais plutôt l'abondance des précipitations. S'ils étaient de La Nouvelle Orléans, j'aurais pu faire un jeu de mot mais ça aurait fait jazzer... Pour ce qui est de la musique, Cantona joue une pop-rock très américaine, menée par une voix féminine, rappelant les titres calmes des Throwing Muses, Lauren Hoffmann, ou encore le REM des premiers albums (sans le son d'époque).
Bien que ce six titres intitulé Sort of Smile soit plutôt agréable, il ne rappelle en rien le joueur de football. Je me suis laissé abuser par le nom du groupe. Comme disait Cantona, le vrai : "Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent qu'on va leur lancer des sardines." Le fan d'Eric Cantona ne trouvera donc aucun lien avec son idole si ce n’est que le bassiste s’appelle Erik.

CANTONA, A Sort of Smile
(Autoproduit)

http://www.cantonamusic.com/
http://www.myspace.com/cantona