NEUTRAL MILK HOTEL
In an aeroplane over the sea
par Quentin
Album culte dans les milieux indie américains, In an aeroplane over the sea de Neutral Milk Hotel est enfin réédité par Domino.
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NEUTRAL MILK HOTEL
In an aeroplane over the sea |
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Le meilleur album de cette année date de 1998. C’est
une bombe. En 1996, Neutral Milk Hotel sort On Avery Island, très bon
album de psyché rock un peu barré, acheté en ce qui me concerne il y a
six ans, pour quelques francs aux Puces de St Ouen et rangé depuis dans
un coin de ma mémoire. Il y a six mois, en naviguant sur les radios américaines,
je tombe sous le charme d’un morceau intitulé « In an aeroplane over the
sea » de Neutral Milk Hotel. Je cherche alors en vain l’album du même
nom et apprend qu’une réédition est prévue.
Il y a un mois, sans que je m’y attende, on m’offre In an aeroplane over
the sea en vinyle. Et depuis, je me gave de ce disque, de loin, de très
loin ma plus grande claque de l’année. Entre 1996 et 1998, Jeff Mangum,
leader énigmatique et réservé, en proie depuis cinq ans à une dépression
chronique, découvre le Journal d’Anne Franck et déclare en 1998, à la
sortie de In an aeroplane over the sea, que le livre l’a profondément
traumatisé et a eu une immense influence sur l’écriture du disque. Ça
peut paraître stupide dit comme ça, le Journal d’Anne Franck étant surtout
un best seller chez les ados. Et pourtant !
« The King of Carrot Flowers Pt. One » augure de l’excellence de ce qui
va suivre. Premier mais aussi morceau le plus direct de l’album, il nous
plonge dans l’univers fantasmatique de Mangum, au cœur de son imagination
délirante. Commençant d’emblée par l’expression la plus simple de la nostalgie,
« when you were young », ce disque glisse vite dans le mysticisme et dans
le souvenir de douleurs anciennes (« your mum would stick a fork into
daddy’s shoulder »).
On s’abandonne dans les méandres de cette pop biscornue, libre et fraîche.
L’orchestration est majestueuse : orgue, trompette, accordéon, scie musicale,
trombone, saxophone, cornemuse, batterie, guitare ; elle donne un aspect
atemporel à ce disque. Aspect atemporel sûrement souhaité par Mangum,
regrettant que les machines à remonter le temps n’existent pas et qu’il
ne puisse pas sauver Anne Franck : « I know they buried her body with
others / her sister and mother / and 500 families / and will she remember
me in 50 years later / i wished I could save her in some sort of time
machine ».
La voix de Mangum est, elle aussi, essentielle, qu’elle soit douce et
calme, plus endolorie, calme ou pressée de dire tout ce qu’elle a à dire.
Attirant tantôt à cause de son opacité, tantôt à cause de son onirisme,
In an Aeroplane est toujours sur la brèche, bascule sans cesse. L’épique
« Oh Comely » fait partie de ces morceaux qu’on a envie d’écouter très
très fort, en espérant entendre des messages venus d’on ne sait où, un
morceau calme qui répond superbement aux plus énervés et entraînants que
sont « Holland, 1945 » et « The King of Carrot Flowers Pt. Two and Three
».
L’autre jour, j’ai vu le cd dans un magasin. Il est entouré d’un carton
avec des citations de membres d’Arcade Fire, de Franz Ferdinand et de
Boom Bip déclarant que cet album est une référence et une inspiration
pour eux. Bref, le genre de promo dont on peut se méfier habituellement.
Toutes leurs paroles sont des euphémismes. In an aeroplane over the sea
n’a pas qu’inspiré, n’est pas qu’une référence, c’est une étape essentielle
et incontournable dans l’histoire de la musique rock !
FunkyRate :
NEUTRAL MILK HOTEL, In an aeroplane over the sea
(Domino)
http://neutralmilkhotel.net/
http://www.dominorecordco.com
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