ARAB STRAP
The Last Romance
par Quentin
Last but not least
|
ARAB STRAP
The Last Romance |
Achetez ce disque! |
|
|
Arab Strap avait définitivement tourné la page avec « Monday at the hug and Pint ». Finis les plages lascives, les mots susurrés, la souffrance dégoulinante, les anecdotes géniales, finie cette déprime qu’on aimait tant. Abandonnant la terre aride du lo-fi, des morceaux non standard, Arab Strap se la joue presque pop, perdant alors une part de son originalité.
Prolixes en solo (Malcolm Middleton et Aidan Moffat continuent à se la jouer perso à côté du groupe), nos deux lurons, toujours dans le rythme d’un album tous les 2 ans, ont retrouvé avec « The Last Romance » une certaine verve, une certaine rage, sans nier les nouvelles directions prises. Parce qu’il faut bien l’avouer, quand j’ai envie d’écouter du Arab Strap, là d’un coup, je ne me plongeais pas « Monday at the hug and Pint », ni même dans « The Red Thread », premier pas pop sorti en 2001. Non, je me plongeais dans le debut album « The week never starts round here » (Chemikal Underground, 1996) où dans « Philophobia» (Chemikal Underground, 1998), album culte s’il en est.
Le groupe semblait comme dans une impasse. Et puis, avec 10 morceaux au format court d’une intensité inattendue, Arab Strap nous promet encore des jours (mal)heureux (comme le confirme le titre du dernier et, lâchons le mot « festif », morceau, simplement intitulé « There is no ending »). Moffat chante. Il a tiré définitivement une croix sur son légendaire phrasé, celui qui en énerve un paquet, notamment outre-manche. Sur « Fine Tuning », on a l’impression qu’il interprète un morceau du répertoire solo de son compagnon de route, et il l’interprète superbement. On fait toujours des miracles avec une guitare acoustique et une voix.
Autre morceau quiet, peut-être le moment le plus fort du disque, « Chat In Amsterdam, Winter 2003 » commence par quelques notes de mélodica, instrument majeur de ce morceau, sur lequel Moffat chante en canon (une voix chanté, une voix plus parlée) son désespoir, avant que des guitares brisent le morceau dans un chaos dévastateur. Car la puissance de cet album réside dans la violence latente et parfois soudainement expulsée, comme accumulée puis devenue insupportable. Les « Confessions of a big brother » n’explosent pas, mais sont lourdes à porter pour le petit frère ; difficile d’entendre son cadet craquer et avouer, lui l’éternel arrogant, combien il est et a toujours été désespéré. D’espoirs déchus ou non, là est la question. Sur « [If There’s] No hope for us », Moffat glisse, optimiste, que s’il n’y a plus d’espoir pour elle et lui, alors il n’y a plus d’espoir pour personne.
La musique est assez « classique » rock : chant, guitare, batterie, violons ça et là, quelques instruments éparpillés. « The Last Romance » à un côté très carré mais pas pour autant aseptisé, preuve en est le turbulent et ébouriffé « Stink » premier titre du morceau et tube de radios indés en puissance. Des trois derniers albums, « The Last Romance » est de loin le disque qui peut le plus attirer de novices tout en leur donnant les clefs pour faire un tour du côté des premiers albums du groupe. Pour les fans de la première heure et des heures suivantes, une fois admis que ce ne sera plus jamais comme avant, c’est toujours un peu décevant, mais certains morceaux sont jouissifs à souhait. Et puis pour les collectionneurs, il est bon de signaler la sortie en vinyl blanc de « Dream Sequence ».
1 Stink
2 [If there’s] No Hope for us
3 Chat In Amsterdam, Winter 2003
4 Don’t ask me to dance
5 Confessions of a big brother
6 Come round and love me
7 Speed-Date
8 Dream Sequence
9 Fine Tuning
10 There is no ending
Durée approx. 36 min.
FunkyRate :
ARAB STRAP, The Last Romance
(Chemikal Undeground)
http://www.arabstrap.co.uk
http://www.chemikal.co.uk
|