BARR
Beyond reinforced jewel case
par Quentin
Barré?
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BARR
Beyond reinforced jewel case |
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La notion même de disque conceptuel a de quoi effrayer.
On imagine aisément une bande de poseurs arrivistes ou un génie auto consacré
nous servir un cocktail de chansons insipides, soi-disant intellectuelles,
ou ludiques, ou je ne sais quoi. « Beyond reinforced jewel case » est
un album conceptuel, mais n’est pas expressément présenté comme tel ni
par la maison de disques ni par Brendan Fowler, le maître à penser de
Barr. C’est un album conceptuel en ce qu’il présente une musique avant
tout mouvante, à la croisée d’influences diverses, une musique conçue
pour être performée ou pour accompagner des performances.
Les seize morceaux du disque, tous relativement courts, pourraient presque
tous être des interludes. Chacun défend une idée qui lui est propre. D’ailleurs,
« (All separate) » nous rappelle huit fois en 16 secondes la singularité
et l’indépendance de chaque morceau : « they are all separate tracks,
they are all seperate tracks… » L’accent est largement mis sur un spoken
word inventif et acéré et sur des percussions déroutantes : on sent que
Brendan Fowler a suivi des cours de free jazz.
La mise à nue, l’aveu de souffrances et une rage immaîtrisable débordent
sans cesse. Et c’est beau et touchant. « Secretly », avec ses cloches
très répétitives, puis le prenant « A Call » sont le point d’orgue d’un
disque qui ne s’entend pas mais qui s’écoute attentivement. C’est frais,
très frais. On pense successivement ou simultanément aux Beastie Boys
(pour la fureur) , à The Streets (pour la rythmique), à Bright Eyes, à
Xiu Xiu (pour le côté cru)…
Barr ne fait aucune concession, faisant même un pied de nez assez hilarant
au hip hop tel qu’il semble actuellement cadenassé. Arty et arty volontairement,
Brendan Fowler irrite ou en impose. « Anthems and all » témoigne d’un
maniérisme sur la tangente : le phrasé, la façon d’accentuer les mots
crus comme « penis » ou « shut up », la manière blasée de terminer l’album
sur « hold it forever ».
« Beyond reinforced jewel case » est incontestablement un album sensé
et sensible, un album qu’on s’approprie vite. Le communiqué de presse
le compare, dans l’esprit, au film « Me, you and everyone we know » de
Miranda July, et je trouve cette comparaison extrêmement bien trouvée.
Il y a, notamment, cette même finesse quant à la manière d’évoquer les
rapports humains (« My list of demands ») et ce même regard ironique sur
le monde sclérosé de l’art.
Barr réussit un tour de force, avec un album à part, dont je me délecte
un peu plus à chaque écoute. Le travail autour du son des percussions
est remarquable, notamment parce que ce sont elles qui donnent le ton
de l’album et qui font l’identité du groupe. Impossible de rester sourd
face au talent de Brendan Fowler, qui comme tout exubérant, s’expose à
toutes sortes de critiques, qu’il tente d’anticiper : « this record
is three to four songs to long » (toujours sur « Anthems and All). Un
mec BARRé de plus à affectionner.
1 A Cover
2 Lights out
3 Like, I used to like
4 (Watching)
5 Anx- Worth it
6 Is all for updated
7 Secretly
8 A Call
9 My list of demands
10(All Seperate)
11 Sing Sit Singing
12 Greg
13 That That Good
14 Us
15 Everyone
16 Anthems and all
FunkyRate :
BARR, Beyond reinforced jewel case
(5 Rue Christine)
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