EXPLOSIONS IN THE SKY
How Strange Innocence
par Quentin
2000: le post rock a son apogée
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EXPLOSIONS IN THE SKY
How Strange Innocence |
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L'Histoire du post-rock a failli être amputée sans qu'on
le sache d'un disque primordial. En 2000, il n'y a pas eu que la sortie
de l'inoubliable "Lift your skinny fists like antennas to heaven" de Godspeed
you black emperor ! Plus discrètement encore, Explosions in the sky
enregistrait et sortait en catimini How strange innoncence, album vendu
en fin de concerts et écoulé depuis longtemps. Mais le groupe, déjà composé
à l'époque de ses quatre membres actuels (Chris Hrasky, Michael James,
Munaf Rayani et Mark T. Smith), envisage un instant de rappeler les acheteurs,
de leur rendre leur argent, et de brûler toutes les copies du disque.
Cela n'a bien entendu pas eu lieu.
Le son, plus brute et plus crade que celui de Those who tell the truth
shall die... et de The earth is not a cold dead place, est superbe. La
spontanéité d'un groupe qui ne sait pas qu'il est en devenir à toujours
quelque chose d'assez magique. Pourtant, rien ne se fait vraiment dans
l'urgence, rien ne se fait inutilement, rien ne se fait ici manière réellement
calculable. L'incandescent "A song for our fathers" est une tuerie, un
morceau glorieux, puissant, violent ; le son des guitares est métallique,
dépouillé. La batterie se mêle à la tourmente. C'est direct et instantané,
on ne voit pas le vent venir. Un morceau court (moins de 6 minutes) de
toute beauté.
Le calme règne paisiblement sur une bonne partie de l'album. Les morceaux
ne sont pas bâtis sur le schéma désormais classique du post-rock progressif:
calme - montée en puissance - retour au calme. Explosions in the sky n’a
suivi aucune règle. " Snow and Lights ", plage toute en retenue (qui n'est
pas sans rappeler que le post rock et le slowcore sont de très proches
cousins: l'ombre de Bedhead n'est pas loin par moments), apprivoise un
auditeur qui n'en est pas moins abasourdi, voire hypnotisé. Une hypnose
qui s’achève en fin de morceau suivant, lorsque, doucement, des roulement
de batterie s'impose, des guitares font bzzzzt bzzzzzzzzzzzt bzzzzzzzzzzzzzzzzzzt,
avant enfin de libérer l'auditeur dans un capharnaüm magnifique. Moins
lourd, plus jouissif mais moins abrasif que du Mogwai, moins redondant
et plus subtil que du Mono, Explosions in the sky réserve définitivement
sa place dans le Panthéon du rock amplifié instrumental.
L'ivresse et la jouissance sont en permanence là, et ça faisait longtemps
qu'en la matière je n’avais pas pris une pareille fessée déculottée. Explosions
in the sky ne faisait à l'époque ni dans le lugubre, ni dans le mystique
(direction annoncée dans Those who tell the truth shall die mais pas vraiment
confirmée par la suite), il faisait dans le rock libre, inspiré, fuyant.
How strange innoncence, à l'instar du phénoménal et épique final ("Remember
me as a Time of Day"), qui n'explose d'ailleurs nullement (désolé
si je gâche le suspense), est un disque incontournable, confirmant qu'en
atteignant son apogée et sa quintessence en 2000, le post rock était presque
déjà mort, en tous les cas entièrement délimité.
FunkyRate :
EXPLOSIONS IN THE SKY, How Strange Innocence
(Temporary Residence)
http://www.temporaryresidence.com
http://www.explosionsinthesky.com
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