Mais ça intéresse qui les gars ?

VARIOUS ARTISTS Rockets From Russia

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Quelqu’un de chez Dead Bees est parti vivre en Russie, a écumé les concerts indépendants, sans doute toujours accompagné d’une flasque de vodka bien glissée dans une doublure d’un manteau duveteux, puis est revenu, sûrement alcoolique ou irradié, ou les deux, en sélectionnant 22 groupes pour réaliser cette compilation intitulée ‘Rockets From Russia’. Fort dommage que le format cd-r, convenant parfaitement à ces tirages qui n’intéressent que quelques allumés, ne soit pas assorti d’une pochette en formica seventies pour faire couleur locale. Cela dit, le coût d’un envoi postal n’aurait pas été le même qu’avec cet élégant papier kraft…

Certains devront passer outre l’obstacle de la langue de Pouchkine et Lénine sur la moitié des titres, les autres étant dans la langue de Paul Gascoigne qui n’est autre que l’anglais ou bien dans la langue de la musique qui n’est autre que l’instrumental (qui est aussi un cas d’après mes souvenirs de langue vivante trois). Même si l’on reste dans un monde indépendant, la musique n’en demeure pas moins éclectique : outre un style noisy-pop-rock servant de ciment de base, le hardcore, le rap (hip-hop pour les gens in – est-ce que ‘in’ prend un s ? Lançons un débat), le post-rock, le post-punk, l’alcofolk (oui oui, écoutez Ankylym, son accordéon, sa balalaïka et sa caisse claire) et la no wave sont représentés.

Cette compilation recèle quelques tubes avec lesquels vous pourrez épater vos amis en soirée. Hot Zex de Novossibirsk nous sert un hit pop avec leur entêtant ‘Video Monster’ alors que More i Relcy (la mer et le chemin de fer) n’est pas si éloigné de vos chers Pixies. Silence Kit de Moscou ne semble rien à avoir à envier aux déclinants Mogwaï et l’on pourrait penser que Klever fait partie de l’écurie Constellation. Les titres sombres de Arttester et Marschak sont excellents et donne une idée de la déprime made in Russia.

Après enquête, je suis en mesure de vous révéler que les trois morceaux rap sont représentatifs des trois styles russes en matière de hip-hop : un rap volubile sur musique électronique à tendance eighties pour Saint-Pétersbourg (2H Company), musique froide et flow empreint de lassitude pour Moscou (avec ici un incroyable morceau presque drum’n’bass dompté par une voix désespérée signé Gap 3 & Technique), une musique très rythmée et des voix agressives pour le sud du pays (Broken Sound).

Avec ‘Rockets From Russia’, vous pourrez aussi apprendre quelques anecdotes vous permettant de briller dans les cercles indépendants, voire mondains, voire les deux. « Ah bon, mais tu ne connais pas PTVP, ce groupe qui devient célèbre en Russie et dont le nom veut dire ‘les derniers tanks à Paris’ ? » Ou encore : « En parlant de l’héritage du passé communiste en Russie, connais-tu ce groupe fabuleux influencé par Primus dont le nom veut dire ‘Il n’y a pas de papas sans ceinture’ ? »

Et les Ramones dans tout ça ? Aucun rapport.

VARIOUS ARTISTS, Rockets From Russia
(Dead Bees)

http://www.deadbees.com