Bookmark and Share

DREAM HOUSE
Instants Chavirés (28/01/06)
par Quentin

Come on feel the ill noise

Dans le métro, je guette les gens susceptibles de se rendre, comme moi, aux Instants Chavirés, mais je n’en vois pas. J’entre dans la salle : désert quasi complet. Il est 20h55 et la soirée qui réunit Dreamhouse, Kites et Hélicoptère Sanglante doit commencer dans 5 minutes. Je m’adosse à un des piliers qui font la particularité de la salle. Nous sommes une dizaine. Les gens arrivent de manière égrainée. Je me dis : salle vide = grand concert. Puis je réalise qu’en faisant ce constat a priori, ce grand concert n’aura pas lieu.

Hélicoptère Sanglante, qui remplace au pied levé les Extreme Animals, commence son set de quinze minutes, devant une audience amusée par ce jeune homme, vêtue d’une djellaba moulante, qui triture un magnéto K7 et un clavier tout en se déhanchant avec à propos. On frise parfois le maniérisme, mais musicalement, c’est entraînant et excitant, joliment brouillon, bordéliquement maîtrisé. HS lance vers le public un morceau de polystyrène maronnasse et à paillettes, qu’il viendra défoncer à coups de marteau. J’apprends en faisant des recherches sur Google que c’est un dénommé Henrik Hegray, touche à tout inventif (BD, Dessins, Musique…) qui se cache derrière Hélicoptère Sanglante.

Kites s’installe sur scène, devant une foule (50 personnes maintenant) abasourdie, emballée et absorbée par les boucles et par les assauts électroniques lardés par Christopher Forbes, seul maître à bord et récemment auteur de l’excellent «Peace Trials» (2005, Load Records). Les improvisations, proche d’un certain idéal d’extrême sonore, ne me procurent pas grand-chose, ni ennui, ni plaisir. Je suis là, et j’observe, devant, quelques initiés en train de bouger lentement la tête de haut en bas, en gardant les yeux fermés, proches de l’hypnose.

Les membres de Dreamhouse s’affairent. Ils installent une mini batterie devant la scène, et sortent une immense bâche sur laquelle ils ont dessiné pénis, compositions abstraites et visages. Ils se glissent sous la bâche, invitant le public non atteint de claustrophobie à se joindre à eux là-dessous. A quatre, saxo, guitare, batterie et percussions diverses, chants (cris, onomatopées…), Dreamhouse, qui joue comme sous une tente, improvise des morceaux jubilatoires, décalés, renvoyant tout le public à repenser sa vision même de la musique. Tapant contre la bâche, pogotant, vibrant, les 20 à 30 personnes qui ont pris place sous la bâche entrent en fusion avec le groupe. Il fait chaud, mais Dieu que c’est bon, Dieu que c’est assourdissant. Le groupe est la foule et la foule est le groupe : de nombreux transis martelant la batterie, fracassant les cymbales, vociférant vers le groupe. Je n’ai aucune notion du temps passé là-dessous.

Je reprends le métro. Il y a deux ou trois personnes du public, hagards, dans le wagon. J’ai le sourire aux lèvres : c’est pour ça qu’on va au concert, que je me dis, le vinyle de Dreamhouse entre les mains. J’ai eu tord, penser avant un concert que ça va être un grand concert ne signifie pas de facto que ce n’en sera pas un. Là, c’était énorme (même si je n’aime pas l’emploi de cet adjectif.)

FunkyRate :

DREAM HOUSE, Instants Chavirés (28/01/06)
(Eserecords)


News | Labels | Sélection | Dossiers | Chroniques | Photos | Sons/MP3 | Netradio |Sommaire | Contact
C in a circle SoitDitEnPassantEntertainmentWorldwide company.