Seul

QUINTIN NADIG Slip Songs

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«Slip Songs» est un de ces trop rares disques dans lesquels on se drape littéralement, on se tient au chaud, on se réfugie. De courtes pièces folk, minimales, douces et prosaïques se succèdent dans une émotion intense, sans mièvrerie ni atermoiement. En 2003, «Anchor Details» m’avait fait user de bien des superlatifs et depuis, je me shootais épisodiquement à ce disque, attendant avec impatience la suite. J’annonçais il y a un an dans nos news la sortie de Slip Songs sur un label français (Arbouse Recordings), mais c’est finalement la micro structure américaine Grey Hat qui a accueilli Nadig, et peut en être fière.

Quintin Nadig a puisé son inspiration dans la première pièce de Tennesse Williams, «Bataille d’anges». Il décrit, en treize petites pièces, un monde fait de luttes, de souffrances et d’espoirs, délaissant une noirceur sans concession pour une noirceur lumineuse, contrastée. Epurée au maximum, quelques notes de piano ici, d’accordéon, de guitare et de banjo là, la musique de Nadig est avant tout sensible et délicate, à l’instar du chant, touchant à souhait. Un chant qu’il partage de temps en temps avec Gileah Taylor, trouvant un écho sublime, notamment sur «I swan (Suffer Me)», le titre le plus habité et le plus immédiat d’un disque qui se bonifie en bouche, qui prend sens d’écoutes en écoutes.

Avant tout, Quintin Nadig craint la solitude, l’éloignement commençant l’album sur ces mots : «It’s been so long since you left» («Slip Streams [prologue]») et poursuivant : «take me with you when you go» (« Wild River Country »). La solitude ne laisse pas indemne, et les craquelures et les blessures sont apparentes et assumées, y compris sur les courts interludes instrumentaux, dont le magnifique «Quietly among the shoe boxes». En fin de disque, presque tragiquement, Nadig livre un trésor sombre, une fois de plus sur la perte : «Everything else shuts off».

Peu médiatisé, Quintin Nadig, qui peint et fait des photos à ses heures perdues (http://quintinnadigspolaroids.blogspot.com/), est seul en effet. Avec ses compositions minimales, courtes, il parle de l’absence comme nul autre. Et chacun gagnera à s’accaparer ces chansons fragiles et, avant tout, belles. Ou comment friser l’excellence en toute indépendance.

QUINTIN NADIG, Slip Songs
(Grey Hat Records)

http://www.greyhatrecords.com/
http://www.purevolume.com/quintinnadig