SHE AND HIM
Volume One
par Pierre
"Why do you let me stay here, all by myself.
Why don't you come and play here?"
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SHE AND HIM
Volume One |
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Okay, okay. Je l'avoue, je le confesse. Je suis rentré
tout droit, raide et déterminé dans le jeu de SHE & HIM, et ce premier
album "Volume One" (quel titre génial, qui fait frétiller par avance à
l'idée qu'il puisse y avoir un "Volume Two", etc. Ad lib). Il y a des
groupes, des concepts, des albums... sur lesquels il y a comme écrit :
je vais te croquer tout cru.
Et quoi qu'on veuille, quoi qu'on fasse, il n'y a nulle chance de s'y
soustraire, nulle issue ; on est cuit, ou cru, je sais pas, mais
en tout cas, on est tout nu, défait de toute défense face à l'oeuvre discographique
qui nous assaille.
Qui nous chavire donc de la sorte, cette semaine ? J'ai nommé Zooey Descannel
et Matt Ward. Les enfants, le couple de l'année. Bon, je ne sais pas s'ils
font des cabrioles ensemble, et peu importe, car le disque publié chez
Merge records sous le nom de leur duo, SHE & HIM, est une vraie petite
merveille.
Quel casting de rêve. M. WARD, un des jeunes auteurs/producteurs les plus
brillants de la nouvelle scène US d'un coté ; et de l'autre, la jeune
et ondoyante Zooey (quel prénom, mes enfants, quel prénom) Deschanel,
jeune et insaisissable actrice hollywoodienne, qui a manifestement oublié
d'être futile, inconséquente et écervelée.
Le plus beau et ironique dans l'affaire, ce holp-up culturel, c'est que
j'avais jusqu'ici largement négligé l'un et l'autre. Ah, ah, quelle arnaque !
C'est encore plus beau. De Zooey, je ne connaissais que ses apparitions
dans "Weeds" (dans le rôle d'une improbable ex perchée d'un catastrophique
sosie d'Anton Newcombe), et ses timides tentatives vocales sur le disque
de son ex-boyfriend Jason Schwartzman aka COCONUT RECORDS ; et de l'autre,
WARD, finalement, je m'en étais toujours largement désintéressé, en superficielle
dilettante que je suis.
Finalement, toutes les conditions étaient réunies pour que je passe à
coté de ce disque. Etonnant, non ?
Toutes les conditions réunies... jusqu'à ce que le duo ne se commette
sur la scène d'un plateau de télévision d'une chaîne américaine. Et ce,
avec comme backing band, YO LA TENGO et des types qui passaient par là.
Oui, les enfants, YO LA putain de TENGO. Oui, oui, oui. Avec Ira Kaplan
au piano. Oui, les enfants. Vous imaginez qu'il n'en fallait pas plus
pour jeter le trouble dans mon esprit. Une vaste tempête sensitive. Ce
super groupe inattendu interprêtait le titre "Why do you let me stay here",
un titre à la délicatesse palpable même à travers les grossières trames
vidéos d'un webcast poussif.
Au fan transi des chansons de LEE HAZLEWOOD et NANCY SINATRA que je suis,
ce titre, ce registre s'adressa immédiatement, et à la seconde personne
du singulier, s'il vous plaît.
Oui, tout simplement, c'est dans ce registre "classique" de variété americana
de qualité que s'inscrit ce disque. Tutoyant les meilleurs instants des
sessions "Dusty in Memphis" de DUSTY SPRINGFIELD, le "Volume One" file
tranquillement sur la voie toute tracée il y a quarante ans déjà par Nancy
et Lee, et reprise plus récement par Jack White produisant LORETTA LYNN.
De la variété de qualité ; pop musique universelle au sens le plus
noble. L'overground drapé de finesse et d'élégance - soit un disque qu'on
rêverait numéro un partout, propulsant une expression et une écriture
populaire de qualité vers les oreilles du plus grand nombre.
Des titres magnifiques, à l'écriture magistrale, produits sur guitares
slides et banjo, cuivres et pianos désaccordés... tous les paradoxes de
la rencontre frontale entre scène indie et mainstream. A la fin de 36
minutes d'écoute que reste-t'il ? Rien, sinon le sourire béat de
l'auditeur qui s'est envoyé un joli disque dans les oreilles, qui est
prêt à recommencer, juste maintenant.
FunkyRate :
SHE AND HIM, Volume One
(Merge)
http://www.sheandhim.com/
http://www.mergerecords.com/
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