Björk
"Homogenic" par El CompulaFunkistador Salut à toi le jeune,
Hyperballades en arrière-pays icelandais. Björk. Björk Gudmundsdottir est de retour; après Debut, Post et le remix-album Telegram, voici Homogenic. Réjouissez-vous peuples de la terre: notre correspondante icelandaise est enfin sortie de sa torpeur polaire. Björk, Björk et un nouvel album; et moi désigné d'office pour en quelques mots illustrer ces nouveaux paysages musicaux, en faire une critique, et que sais-je encore... Tout de suite, on fait moins le malin, on la boucle, profil bas! Chroniquer Be here now d'Oasis en dix lignes et trois idées, c'est tout à fait possible, voire énergiquement recommandé; mais la perspective dabattre Björk sur le papier à coup de plume est moins enthousiasmante. Mission de confiance si il en est, mais mission ô combien épineuse. Et de citer le vieil adage : "parler de musique c'est comme danser de littérature". Ca ouvre des perspectives, au point où j'en suis je pourrais autant vous faire un dessin: et pourtant non, j'ai pas l'impression d'avoir résolu le problème, un sale sentiment de boulot mal fait me poursuit. Je crois qu'il va falloir rentrer dans le vif du sujet - peut-on faire sujet plus vif que Björk? - bêtement, avec des mots, des phrases : sujet-verbe-complément. Mais avant toutes choses, remettons
les pendules à l'heure. La réaction du public ne se fait pas attendre, Björk, qui avait déjà accédé au statut de star avec Debut, atteint alors un niveau de célébrité ordinairement réservé aux chanteurs morts. Et voilà le hic. Elle a bien faillit les rejoindre, les fameux Hendrix, Morrison et autre Janis Joplin. Colis piégé, fan suicidaire, journaliste passé à tabac; l'année 96 nous laisse une Björk épuisée, désireuse de se cloîtrer loin des feux de la rampe et des crépitements des flash. Le remix-album Telegram en guise de révérence et la belle de disparaître de la face du monde. Exil partagé entre Marbella et l'Icelande. Quelques interviews très introspectives pour nous convaincre que la petite fée des glaces sait également prendre soin d'elle, d'elle et de son fils Sindri. "Je doit être folle, mais pas si folle que ça". 1997. Björk's back. De retour avec
un single énorme: Jóga, suivit de prés par un album: Homogenic.
Un projet plus personnel que Debut
ou Post "parce qu'il ne sera marqué que d'une seule
empreinte, la mienne". Premier parti-pris: ce disque sera
produit par Björk elle-même "Je n'ai plus besoin de producteur,
j'ai tellement appris, je pense que nous serions en permanence en
conflit"; exit Nellie Hooper responsable de la production
des deux premiers opus. Sont recrutés RZA du Wu-Tang-Clan pour le
mix, Markus Dravs pour l'enregistrement - sans oublier l'incontournable
Mark Bell de LFO dans le rôle du grossiste en sons bizarres. Björk imagine d'abord un concept ultra-minimaliste: "des beats massifs, vraiment brutaux, des cordes, la voix au milieu et voilà, pas de ligne de basse, ni rien d'autre". Le projet devait initialement présenter les beats de Markus Dravs sur la piste de gauche, les cordes à droite et la voix au centre dans la perspective d'offrir à l'auditeur la possibilité de choisir, via le bouton de balance, le mix de son choix. Malgré tout Björk finit par enrichir les chansons ainsi enregistrées "j'ai laissé tomber mes principes, je suis devenue plus indulgente: une chanson n'avait pas de cordes mais des cuivres, une autre avait même une ligne de basse". L'album intègre ainsi, au fil des concessions, cuivres, verres chanteurs, basses; même le mix devient plus sophistiquer - noter quelques effets panoramiques du meilleur goût. Le chant principal se voit agrémenter d'une ou de deux parties de choeurs. Les chansons gagnent en texture, en couleur mais conservent une trace de cette volonté dhomogénéité, de simplicité. Autre principe fondateur d'Homogenic
remis en cause: ne faire remixer aucune chanson. Là aussi, Björk change
son fusil d'épaule en s'adressant à Alec Empire ainsi qu'au Brodsky
Quartet - déjà responsable d'une excellente réinterpretation d'Hyperballad,
se reporter à Telegram - pour revisiter quatre chansons. Tout
juste assez de matériel pour envisager la sortie d'un EP Empire-Brodsky,
mixé selon les premiers désirs de la patronne: cordes d'un coté, beats
de l'autre. Lalbum quand à lui souvre sur quatre pièces de choix retentissantes denvolée de cordes, rythmées dun martèlement quasi martial. Hunter, Jóga, Unravel: crescendo formidable jusquà Bachelorette, ultime caprice symphonique. Quatre chansons dintroduction, préambule annonçant les futures déambulations en pays icelandais. Entrée en matière, première incursion dans une terre sauvage fouettée par locéan. All neon like nous entraîne, bercé par ses verres enchanteurs, vers les sources deau chaude avant de nous y plonger définitivement. Puis les hypnotiques 5 years, Alarm call ou Pluto nous emportent vers un univers indomptable pouvant aussi bien offrir la fureur des volcans que la quiétude des vertes étendues telle que celle évoquée par Immature ou encore All is full of love, magnifique morceau de conclusion aux notes de harpes tombant comme un léger crachin sur la cote d'Icelande. On sort de l'écoute de ce disque lavé, lessivé et émerveillé comme un marin après la tempête, avec une seule envie: repartir. "Homogenic" paraît
chez one little indian/barclay FunkyRate : BJORKographie (non exhaustive, LP only, sinon on s'en sort plus) : Web Destinations :
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