SPICE GIRLS
 "
Spice"
(soupe)

Sorties de nulle part, Emma, Geri, Victoria, Melanie B. et Melanie C. (que nous considerons par la suite comme l'ensemble appelé "Spice Girls") vendent des disques. Elles en vendent même beaucoup, au point qu'on soit en droit de se demander comment et pourquoi. Deux singles classés troisième et quatrième des charts français, un album numero en Angleterre, les ondes européenes prises en otages; jusque là nous decelons tous les symptomes d'un gros succés commercial généralisé. Première conclusion : les Spice Girls nous en foutent plein les oreilles et s'en fichent plein les poches. Notons au passage que monsieur Richard Branson s'en fiche également plein les poches, puisque les dites Spice Girls sont signées chez Virgin. Poursuivons notre constat, non contentes d'avoir gaillardement pris possession des charts, les cinq gourgandines investissent les pages de nos meilleurs journaux. En France ou en Angleterre, même tableau : les Spice Girls montent au creneau au cri de "Girl power!". Articles encensseurs dans le Melody Maker, single de la semaine pour le New Musical Express et même une critique plus que généreuse de la part des Inrockuptibles. Soit, tout le monde en dit du bien, les qualifie d'avenir de la dance et de la pop, tant d'admiration de toutes parts ne peut être que justifiée : gageons que cet album vaut réelement la peine d'être écouté. Ce n'est qu'après l'écoute dudit album que l'on peut entrevoir l'ampleur du phénomène. Quelques phrases acrocheuses, un ou deux refrains entrainants, deux-trois mélodies bien troussées, et puis du vent, beaucoup de vent; on a parfois l'impression de traverser la siberie tant ce disque offre de paysages vides et desolés. Au bout du compte "Spice" est bien le disque que l'on pensait : tout juste bon à animer les surboums d'adolescents boutonneux. Wannabe (premier single) pour decoincer tout le monde, Say you'll be there (deuxième single) pour faire des rencontres et 2 become 1 (troisième et dernier single en date) pour conclure. Le flirt réinventé par les Spice Girls. Deux question se posent : comment ses cinq garces ont-elles pu vendre autant d'exemplaires de ce disque; comment se fait il que toutes les redactions en soient gaga? En se qui concerne notre première interrogation, la réponse est aisée: l'histoire a prouvé à plusieurs reprises qu'une proportion inquiètante de la population française (ceci est hélas tout aussi vrai en dehors de nos frontières) peut faire preuve d'enormement de mauvais goût, il est inutile donc de s'étonner de ce succés comercial. Pour répondre à notre question numero deux, nous nous devons de considerer la campagne promo accompagnant l'apparition des Spice Girls. Il s'agit de decliner dans un nouveau genre une vieille recette anglaise : celle des Boy bands. Prendre quatre ou cinq appolons pubères et celibataires, leur oter leur chemises, leur couper les cheveux à dernière mode et enfin les faire chanter et danser et surtout, très important, leur apprendre à toujours sourire. Cette méthode inaugurées avec les Beatles fait le bonheur des maisons de disques et des sweet little sixteen qui sombrent dans l'hysterie à la simple vue de leur idoles aux pectoraux pas timides. On ne compte plus ces exemples de chippendales pour gamines : Backstreet boys, Take that, East 17, World apart, Boyzone, Bon jovi... Là où le bas blesse c'est que si la population féminine de moins de vingt ans est emballée, la gente masculine montre une superbe indifference pour ces torses en prime time, voire une certaine aversion due à tous les complexes créés par trop de belles gueules, trop de pectoraux bien huilés. C'est de là que vient le concept fondateur des Spice Girls, conjuguer au feminin les boy bands, gagner l'affection de filles et garçons avec cinq aphrodites au discours ouvertement feministe et aux formes ouvertement feminines. Cocktail savement épicé entre le fond et la forme. Cette habile alchimie se revele très vite fort efficace, convaincant non seulement les masses mais aussi l'ensemble des critiques musicaux du continent. Sachant que la dite profession est exercée majoriterement par des hommes vivant de leurs contacts avec le milieu eminement machiste du rock, rien d'etonnant à ce que les Spice Girls trouvent des chevaliers servants dans toutes les redactions. Qui saurait être insensible à ces frais minois, ces dix jambes et dix seins qui se secouent en rythme? D'autant plus que si les Spice Girl sont cinq ce n'est pas pour rien, de même qu'Haagen Dasz propose 50 parfums de glace pour séduire et satisfaire tous les consommateurs, les Spice girls sont declinées sous cinq modèles : femme-enfant, femme fatale, pin-up, sportive ou metissée. (également disponible en porte-clef, tasse, pendentif, poster, tee-shirt, classeur... ) Le journaliste moyen s'offre donc une douceur en carressant de sa plume ces objets de désir, esperant, ô fol espoir, une interview: lui tout seul avec ces cinq créatures, rhaaa! Notre chroniqueur se donne bonne conscience et crédibilité en se perdant en considérations sur le message egalitaire et feministe porté par les chansons qui l'ont fait dancé tout l'été. Nous voilà un peu plus avancés en ce qui concerne le comment de cette deferlente épicée. Quant au pourquoi il n'y pas lieu de chercher bien loin; certains vous dirons "les Spice girls n'existent que dans le but de libérer la femme moderne de ses chaines", il n'en est rien, sachez que la seule motivaton de toute cette entreprise est de faire du fric et encore plus de fric avant que le vent tourne. 

Questions pratiques : 

 

 

 

votre petite soeur s'est fait offrir l'album "Spice" pour Noël, que faire?
Dites vous que ce n'est pas si grave, vous avez echappé à la Macarena ou autre Disco 96, prenez votre mal en patience elle s'en lasseras vite et vous pourrez l'initier à la musique de qualité. 

Questions pratiques : 


votre petit frère s'est fait offrir l'album "Spice" pour Noël, que faire? 
Pas de panique, cela prouve tout simplement que celui-ci grandit et commence à s'interresser aux choses de la vie. Proposez-lui le deal suivant : son disque contre un poster géant des Spice girls, il pourra se rincer l'oeil à loisir et vous aurez les oreilles en paix. 

Questions pratiques : 


votre père s'est fait offrir l'album "Spice" pour Noël, que faire? 
Essayez d'en parler avec lui, il traverse certainement une période difficile de sa vie d'adulte: le cap de la quarantaine, la calvitie naissante, le sentiment d'avoir derrière lui les plus belles années de sa vie. Du dialogue viendra la solution, surtout ne le culpabilisez pas, dites-vous qu'il entendait parler des Spice girls tous les jours au bureau; il voulait pouvoir, lui aussi, participer aux conversations de machines à café. 

Questions pratiques : 

votre copine se prend pour une Spice girl, que faire?
Si elle peut s'abstenir de chanter, la situation n'est pas forcément à prendre au tragique. 

Questions pratiques : 


vous venez d'acheter l'album, vous n'écoutez plus que ça. 
Laissez moi vous dire que la situation est grave, surtout ne prenez pas les choses à la légére. Vous pourriez consulter un psychiatre, mais celui-ci se contenterait de vous raconter que votre soudaine passion pour les Spice girls est due à un violent complexe d'Oedipe, que vous identifiez les Spice girls à votre mère et voilà ça fait 300 Francs, à la semaine prochaine. Je vous deconseille donc d'aller vous faire analyser. La therapie la plus efficace consiste donc à allumer votre poste radio, le regler sur 89.1 et écouter FMR jusqu'à que votre besoin de Spice se calme.

"Spice" paraît chez virgin
(soupe)

Pierre,
 
pour Sefronia / Soit dit en Passant

Une petite sélection de liens, non exhaustive :  

 
 

     


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