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Funky Planet : Stockholm
Le SDEP.com guide rock'n roll underground
par Funky JoGui

Funky Jogui

Stockholm n’est pas Berlin, ni New York, ni Londres. Ok.

On vient plutôt voir l’autre Venise du Nord pour sa nature préservée au cœur de la ville même, pour piétiner sur les pavés derrière les touristes dans la vieille ville, pour manger du saumon et du hareng (frais, cuit, fumé, mariné…) dans les halles, pour faire le Millenium Tour, pour rendre hommage à Strindberg, Bergman ou Stieg Larsson ou pour s’empiffrer de gâteaux délicieux dans les cafés. On vient rarement pour sa musique. Bien sûr, on apprécie les Jens Lekman, Lykke Li, et les copains Peter, Björn & John qui bénéficient de tout un appareil promotionnel en France mais on connaît moins la frange underground suédoise. On s’attachera donc à parler des épiphénomènes qu’on a pu croiser depuis dans ans. Les futures stars ou never was de demain.

Saigon

Saigon

D’abord les chouchoux : Saigon. 2012 sera leur année comme ils le montrent dans un clip de malades.

Proto Sonic Youth, expérimentateurs/trifouilleurs de machines, claviers, pédales mais privilégiant toujours la mélodie et l’énergie juvénile du rock n’roll. Saigon est l’espoir du rock indé stockholmois, la synthèse du meilleur du rock exigeant de ces trente dernières années, le tout fait les doigts dans le nez par un groupe généreux. Leur première cassette est une tuerie, bourrée jusqu’à la gueule de tubes. Vous ne l’avez pas déjà commandée ?

Parlons de leur label, Quaset, dirigé par Ville Bromander qui peint lui-même ses cassettes, à l’ancienne quoi. Le dit Ville fait de la musique sous le nom de Blå Vardag.

Blå Vardag

Blå Vardag

Des chansons fredonnées, une guitare, une contrebasse, quelques claviers, un mélodica, voilà le corps de cet album qui ressemble à ce qu’un musicien talentueux pourrait produire en rentrant le soir chez lui pour se détendre. Une musique simple, créée à l’instant, pour le plaisir de jouer, sans aucune autre ambition que de se faire plaisir. Pour fans de musique « shambolistic » à la Tenniscoats, Maher Shalal Hash Baz, Pascal Comelade.

Like Rivers

Like Rivers

Toujours sur le label Quaset : Like Rivers, soit les improvisations jazzy-expérimentales d’un habile trio avec voix retraitée, électronique, claviers, contrebasse. Les longues mélopées se fondent dans des concrétions de mélodies aux claviers et d’irruptions de basse. De l’ambient organique, dira t-on, et c’est très beau à voir sur scène : le clavier joue sur trois instruments installés autour de lui.

Coca Cola 3

Coca Cola 3

Au rayon arty, on trouve Coca Cola 3 (prononcer « Coca Cola tré »). Ambiance glacée voire givrée avec des claviers hors d’âge, incantations vocales plutôt que chant, un peu comme si des psychopathes sous Temesta™ faisaient de la dance music. Ils ont sorti plusieurs cassettes toutes téléchargeables gratuitement sur leur site. C’est-y pas gentil ? On vous conseille abba hommage du jeune berger nouvellement drogué à la bergère en cure de désintox.

Munnen

Munnen

Ceux qui préfèrent le speed aux psychotropes légers embrasseront Munnen (ie La Bouche) soit du post punk beuglé en suédois. Idéal pour pogoter, jeter des bières sur la tronche de ses copains, voire se balancer les uns les autres sur la batterie et advienne que pourra de la musique. Munnen : le show le plus déjanté qu’on ait vu un soir de Nouvel An. On peut télécharger leur cassette På Apoteket (comprenez : À la pharmacie) sur leur site. Bobby Epilepsie adore déjà.

Sand Circles

Sand Circles

Sand Circles, c’est celui qui a réussi (des tournées partout dans le monde, des sorties sur l’hypissime label Not Not Fun) et pourtant le succès ne l’a pas changé : il boit toujours son café en toute simplicité chez Louie Louie (Bondegatan, Södermalm). Ambient, Electro, chill-wave, hypnagogic pop, oui tout cela certainement. De la bonne musique tripante à souhait, pour rêver tout son saoul pendant les longues nuits de l’hiver suédois en tout cas.

Nous avons jusqu’à présent toujours loupé les concerts d’Invader Ace et c’est bien dommage, surtout quand on voit les vidéos de leurs prestations scéniques. Ivader Ace, c’est un duo guitare, clavier, tuba dont le son est mixé et renvoyé dans un mur de vieilles radio ! C’est donc visuellement très beau et le son est mortel. A suivre ! En plus, le guitariste sert les cafés chez Louie Louie (Bondegatan, Södermalm). Comment vous n’y êtes pas déjà ?

Ohayo

Ohayo

Ohayo fait presque partie des stars (membres de Tape, backing band d’El Perro Del Mar…). Ohayo fait dans le doux : un post-rock délicat dans la lignée des Pan American et autre Bed (première époque). On apprécie cette musique de la retenue, du peu mais ni glaciale ni janséniste. The State We Are In ? Contemplatif et heureux.

Vit Päls

Vit Päls

Puisqu’on évoque Belle & Sebastian par allusions, les fans de pure pop trouveront leur bonheur avec la fourrure blanche de Vit Päls. Venues de Malmö, la ville la plus cool de Suède, les « fourrures blanches » chantent en suédois ce que Jean LeRiche et Jens LeJoueur chantaient en amerlorque. Pop-rock gai et enchanté, comme figé au temps béni du retour de la pop anglaise, louchant sur les belles années de Richman et Paul Simon. Calle et sa bande sont aussi capables de petites choses fragiles et minimales comme le Jens Lekman des débuts. Après l’excellent et popy branque Nu Var Det I Alla Fall Så découvert à notre arrivée et le court Studio Möllan Sessions en fin d’année dernière, on attend avec impatience le nouvel album prévu pour fin janvier 2012.

Suburban Kids With Biblical Names

Suburban Kids With Biblical Names

Et on leur souhaite plus de chance qu’aux Suburban Kids With Biblical Names issus du même arbre de Jessé mais dont la branche semble atrophiée pour le moment.

Il paraît qu’on a tout loupé mais la sortie de SKRIET l’an passé sur Novoton a été une tuerie ici. Là encore SKRIET chante en suédois et franchement, on s’en fout. Si on ne parlait pas tant de Wu Lyf, à tort, on se pencherait avec plus de bonheur sur SKRIET. Leur tourneur parle d’une alliance Spacemen 3/Joy Division mais je les vois plutôt lointains cousins de Maison Neuve ou de The Walkmen (voire du Earth dansant), en version gothisante. SKRIET aurait dû être dans mon top de fin d’année. Merde, encore loupé !

Åbe

Åbe

Puisqu’on parle des influences US, Åbe reprend le flambeau d’un certain punk rock 90ies : brutal, puissant mais réfléchi. On ne juge que sur une prestation live de fin d’année mais Åbe nous a fait penser à du Shellac élagué avec un gimmick rigolo : les batteurs se succèdent derrière les fûts pour autant de couleurs et de jeux différents.

Gulo

Gulo

Retour à la sunshine pop avec Gulo (le glouton, le wolverine quoi. L’animal mort qu’on croise souvent sur les bas-côtés de la route en Suède.). Ne pas se fier à leurs jeunes minois, la musique de Gulo est tout sauf un gloubiboulga de jeune groupe mal assuré. Un guitariste trompettant et clavetant tant et plus, un beau duo de voix masculine et féminine (elle tape aussi sur un tom basse). Un animal à suivre ce Gulo. On peut télécharger un petit trois titres sur leur page avec un joli dessin.

Adam & Alma

Adam & Alma

Vu sur scène pendant la même soirée que Gulo et Saigon, Adam & Alma est un duo voix et électronique tout à fait charmant. Dansant sans laisser ses méninges au vestiaire, le duo permet de retrouver des sensations agréables d’électro fragile, un peu downtempo, chill out tout ce qu’on veut. Au moment où Björk produit des pensums et que Lali Puna est aux abonnés absents, Adam & Alma pourraient assurer la relève. On peut télécharger leur album daté de 2010 Back To the Sea ici gratuitement en plus. Vivement la suite.

On trouve aussi des français(es) en Suède. Et même du garage, avec Cikatri$ (chanté en français) et Le Bonheur (chanté en anglais) : allez comprendre ! Keytar ou vieux Korg, ça sent la bière (pas la sueur, on est en Suède), l’esprit vintage et le 45 tours DIY. On préfère Le Bonheur à Cikatri$ (malgré la perruque à la Scout Niblett), produit destiné exclusivement aux suédois, plaisante la frontgirl, mais c’est juste une question de goût. Et puis il y a une chanson qui s’appelle Attitude alors forcément….

Oups ! On a failli oublier de parler du label Hockey Rawk de l’ami Peter Larsson. Artiste touche à tout (on trouve de ses œuvres un peu partout à Stockholm : des fresques à Strand, des affiches dans les toilettes de Il Caffé), brillant et extrêmement sympathique (comme quoi le talent…), Peter sort sur Hockey Rawk, des fanzines sérigraphiés et même un arsenal de cassettes. On y retrouve d’ailleurs des têtes connues comme McCloud Zikmuse du groupe de r n’ belge Hoquets aka Le Ton Mité dont on vous recommande la cassette comprenant une chanson qui documente son anniversaire au festival Roskilde. Bref, tout ça c’est du bon mais du vieux. Il est temps de s’intéresser à Mole Says Hi. Mole Says Hi écrit des chansons folk étranges et les arrange de la même manière mélangeant les genres, privilégiant un enregistrement direct et cradingue à la K-records, et en utilisant des instruments déglingués (claviers), mal (voire pas) accordés (guitare). Ça pourrait (devrait ?) donner une soupe innommable mais c’est un consommé délicieux. Sur scène, l’aventure devient un trio et se transforme en performance drolatique à base de ballons, chorégraphies et instruments dans tous les sens. Et on adore la chanson Very Close To Mars, soit le meilleur des Moldy Peaches en sexy ou du Lispector, version les Triplés.

Voilà. Pour finir et préparer votre future venue en Suède, voici une petite liste des promoteurs associatifs et lieux qui font la vie alternative agréable à Stockholm, et ce à quinze minutes, tout au plus, du centre.

Gavin Maycroft aka Mother est le promoteur alternatif le plus actif à Stockholm et mon idole personnelle. Comment peut-il à lui seul organiser autant de concerts (bars, salles officielles, associatives, galeries…) ? Mystère et vodka redbull de gommes… Indie, krautrock, electro cheulou à cassettes, folk arty, tout y passe et souvent le meilleur. Affiches réalisées par des artistes locaux. Mother, c’est la classe internationale en pull cradingue.

Masskultur est un rhizome issu de la pépinière Mother. Cette association un peu arty propose des concerts, des projections, des débats etc… De la harsh noise à l’expérimental.

Parmi les associations (les professionnels de l’association) dans le créneau indie, on visitera les sites de Fritz Corner et What We Do is Secret avant tout passage à Stockholm.

On apprécie beaucoup la salle Strand dont le programmateur Conny mérite le respect absolu. Trois concerts de Nisennenmondai la même année, Mats Gustafsson en solo (gratuit !!!) dans le bar et sans compter tout un tas d’événements dans une salle magnifique au bord de l’eau.

Le Södra Teatern a offert aussi d’excellents concerts (Bill Callahan, Shugo Tokumaru, Damien Jurado, Konono n°1…) dans ses différentes salles (du théâtre au club cosy).

On ne parlera pas de la salle rock Debaser dont la réputation est acquise mais on recommandera Fylkingen pour la musique contemporaine et expérimentale (y avoir vu John Tilbury jouer Triadic Memories de Morton Feldman restera un des grands moments de 2011, voire de la vie entière).

Enfin, on conseillera aux amateurs de lieux décadents voire interlopes, le bar associatif Solna HQ situé dans un local de station de métro dans lequel nous avons pu entendre de chouettes concerts et passer de longues soirées. Clopes et alcool vraiment pas cher de rigueur.

Hej då och vi ses !


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