"Où sont les Punks ?"

par Pierre Priot

 

Qu'est ce qu'il se passe putain? Ou on va? J'ai l'impression que tout marche à reculons; je me promène, je traîne, je regarde les gens et vraiment je me demande ou va le monde.

Même réaction quand je rentre chez un disquaire, cette persistante impression de déjà-vu ne me quitte pas. Rien de nouveau sur cette planète? Vraiment, j'ai beau chercher...

Les modes ne font que se répéter, la tendance regarde définitivement loin derrière son épaule. Tous ces gamins qui arborent les survets vert aux trois bandes qui nous faisaient honte quand nous regardions les albums photos de jeunesse il y a encore quelque années, je me marre. Des dizaines de milliers de paires de gazelles qui se vendent chaque jours, pareilles à celles que j'avais aux pieds, môme, et que je détestais par ce que je ne rêvais que de tennis Nike ou autre, je me bidonne! Devant les kilotonnes de pulls oranges à grosses mailles made in grand-mère que j'aurais brûlé plutôt que de les porter, laissez-moi hurler de rire.

Tous les jours, des attentats au bon goût et à l'harmonie sont perpétrés et tout le monde s'en fout.

Je crois que le problème et plus épineux que ça, je crois que les gens trouvent ça doucement amusant, ou alors ça leur plaît pour de bon, et auquel cas on est vraiment, mais alors vraiment dans la merde. Du point purement esthétique, je parle; parce que sinon, franchement je trouve ça plutôt marrant. Tout de suite la ville est plus gaie avec toutes ces couleurs chamarrées sur ses trottoirs.

Ce qu'il y a de plus attristant, de plus hilarant pour les cyniques, réside dans le fait que tous ces efforts vestimentaires n'ont qu'un seul but: se donner un air de working class. Les marchands de fringues se taillent des costumes cousus d'or en vendant du workwear à des pré-adultes opulents, ravis de lâcher un kilofranc pour une paires de groles blindées qui leur feront mal.

D'où vient ce culte de la working class? Pourquoi cet acharnement de la jeunesse à vouloir fuir sa condition de français moyen bien assis. Et ce n'est ni neuf ni exclusivement national; la middle class fournit les meilleurs révolutionnaires c'est prouvé: Che Guevara, Daniel Cohn Bendit, Bob Dylan...

Chaque époque de notre siècle aura eu ses volontaires du prolétariat; beatnicks, hyppies, punks, grunges et aujourd'hui quoi? popeux, technoïdes?

Ouais, ouais, les meilleurs chansons se composent sous les ciels sans soleil de Liverpool, Seattle ou Manchester; les idoles des jeunes ont un physique de camionneur (avant les effets secondaires de la coke et du sucre, Elvis où est Tu?) et des manières de même (ça aussi ça s 'émousse avec la gloire et les cachets). Le punk vieillit mal, car le punk ne doit pas vieillir :

Remember "No future".

Quand je dit le punk, je ne me limite pas au millésime 77; des beatnicks aux grunges, tous des punks.
- dis papa, c'est quoi un punk?
- hum, c'est simple, mon enfant, tu te souviens de l'histoire de Peter Pan, le petit garçon qui ne voulait pas grandir? Eh... eh bien, c'est pareil. En gros le punk ne veut pas vivre dans une sociéré qui n'a rien à lui offrir si ce n'est chômage, inégalité et culte de l'argent. Tu as compris?
- C'est quoi le chômage, papa?
- Ah, alors, le chômage, c'est quand un monsieur, il n'a pas de travail...
-il est en vacances, alors?
- Oui, mais non, et fous moi la paix, va t'amuser, tu vas t'amuser oui?
- meuh! Lionel y veut pas me laisser jouer à la console
- Oh putain! Si je me lève c'est pas gratuit!

Bon, où étais-je? Oui, le punk vieillit mal, regardez moi les Elvis, Paul Mac Cartney et les Sex Pistols! Sex Pistols, vous nous avez tant déçus, cette reformation dont tout le monde se foutait! était-ce bien nécessaire, excepté du point de vue de vos comptes en banques? D'ailleurs même pas, ce n'est pas pour le fric que les Pistols nous ont pondu cette grande escroquerie du rock'n roll; bien au contraire. C'est précisément parce qu'il croulaient sous les sous qu'ils nous ont remis le couvert. Je m'explique, et vous allez voir comment on va retrouver le profil des petits bourgeois qui s'encanaillent; le punk en villégiature qui reçoit tous les mois son chèque de son éditeur s'ENNUIE, il se fait CHIER, tremper son cul tous les jours dans une piscine à bulles sur Mulholland Falls peut devenir aussi emmerdant que pointer tous les matins à l'usine. Alors, qu'est ce qu'il ce passe? Le Sex Pistol quand il n'est pas mort dans après avoir buté sa girl friend, s'ennuie, fait le tour de sa piscine, reprend un verre de bourbon, refait le tour de la piscine, se dit que la vie est une merde; alors pour 4561ème fois, il empoigne son portable et appelle son vieux Johnny Rotten de Lyndon pour lui dire "et Si on reformait les Pistols?". Chance, ce coup fil est le bon, puisque l'intéressé n'a rien d'autre a faire, PIL a vécu, et notre John Lyndon las, accepte. Voila, le mal est fait, vite fait, vite oublié. Que retiendra-t-on de cette tournée 96 des Pistols, Si ce n'est Placebo en première partie? Rien.

Ne pleurez pas quand les groupes se séparent, ils vous épargnent ainsi la douleur de les voir s'installer confortablement sur leur lauriers et décrépir à vu d'oeil. Tous ceux qui ont vu les Stones Roses donner leur dernière prestation à Redding auraient préféré se casser une jambe ce jour-là. il faut savoir s'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Evîdement la décision n'est pas aisée à prendre, bon nombre n'auront pas su s'y résoudre; Richie Blackmore ressuscitant Deep Purple, Rolling Stones encore une fois en tournée sur la planète... merci cher Beatles, de ne pas nous avoir infligé tel spectacle!

Le rocker n'est pas fait pour durer, on est bon un temps, après il ressasse encore et encore les même idées; malheureusement le rocker n'est pas fait non plus pour être rentier. Quand les Stones pondent un énième album lamentable, ce n'est pas pour renflouer leur livret épargne, non, c'est tout simplement pour se donner un prétexte pour partir pour une nouvelle tournée, et faire la seule chose qu'ils savent et qui leur donne encore l'envie de vivre.

Alors, quoi? morale de l'histoire; faut il abattre les rock'n roîl stars avant qu'elle grisonnent, les euthanasier avant qu'elles ne se fanent? Dure loi de la célébrité, vieillir oublié et ventripotent ou rester culte et mort.

Mort, l'idole devient le symbole de son époque, petit bout d'âme sacrifié pour ses contemporains. L'idole, culte, véritable icone est vite récupérée par les marchands du temple, vendeurs de fringues, de disques, de posters... Et le jeune consomateur en quête d'ideal cours se recréer une vie moins fade dans une époque qu'il n'aura pas connue; souvent celle de ses parents, ô ironie. Les retours de mode concerne des périodes dont on n'a pas pu gouter la douceur (?) de vivre.

Tout ça pour en arriver à quoi? Rien de nouveau? Où sont les punks?

Voilà la question! Où sont les punks, qui sont les punks de l'an 2000? Toute génération a eu son punk-way of life; beatnicks, hyppies, etc... et ses punk-rockers. Et attention! On ne fout surtout pas tout dans le même; distinguo s'il vous plait.

Le punk-rocker, est le militant de base du rock'n roîl. Le petit peuple. "Anyone can play guitar" chantait Tom Yorke, "anypunk can play guitar" rectifierais-je. Punk : en viel anglais, pute (c'est gentil et distingué), en américain, paumé. Le mot designe également, à l'initiative du critique Lester Bangs, le musicien sans talent d'instrumentiste particulier (ou plutôt sans formation) mais animé d'un foi pugnasse et d'une envie furieuse de jouer comme les grands. Ainsi eclorent dans caves et garages des clones boutonneux des Stones, Yarbirds, et autres Deep Purple. Des groupes éléves appliqués à imiter de leur ainées, génération de rockeurs "fils" de rockers et non "fils" du blues, soul, ou rythm'n blues.

Bon, en gros tout ça pour dire que notre époque à également ses punk rockers et que ne sont certainement pas les Green Day et autres Rancid. Où est la fureur créatrice aujourd'hui? Est elle dans les 1 et les 0 des séquenceurs et autres échantillonneurs? Est elle dans les sonorités du terroir de la world music? Est-elle encore dans les lampes des amplis? Ou encore sur des platines? Tout simplement partout à la fois; béni soit le groupe qui saura mélanger habilement tous ces ingrédients pour en faire jaillir des sons inédits, des good vibes d'un nouveau genre. Ainsi les punk modernes sont les Blur, Bis, Primal Scream, Black Star Liner, Cornershop... Vous voyez, est-ce un peu plus clair? Si oui, tant mieux...

Originallement je voulez vous parler de Air et des PropellerHeads et peut-être même de Goldie. Finalement ça ne me semble pas si capital que ça, je pourrais aller me coucher sans remords ni cas de conscience. Mais ce n'est pas l'heure; alors quelques considérations pour la route  :

Amusant, de voir comment PropellerHeads et goldie font appel à des dinosaures pour faire les disques : Shirley Bassey et David Bowie, mais également Noel Gallagher. Ah! voilà un débat intérressant, dans quelle catégorie ranger Monsieur Oasis? Si toutefois il y avait quelqu'interét à se prêter à ses exercices. Artiste rétrograde par excellence (ce qui n'enlève rien à son talent), notre homme aime à se frotter aux beats rapus et rêches de nos années électroniques. Amusant, encore, de remarquer que pour sa collaboration avec les Chemicals Brothers l'homme se sera livré à un énième plagiat Beatlique avec un Setting Sun qui tient pour beaucoup de "Tomorrrow never knows" dans son patrimoine génétique. Oui! avec Revolver et "Tomorrrow never knows" , en 1966, Georges Martin et les Beatles inventent la techno. Si, Si. Recidiveront avec "All you need is love" où la conclusion invente le mix ("she loves you, yeh, yeh, yeh") et enterre du même coup le medley.

Allez, au lit !

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