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Mireille Dumas, Zidane et moi » une histoire électronique de ma vie. 01/06/1999 . |
Episode 4.1 : Lundi talk Le lundi soir à la télé, si on veut échapper à un James Bond, un Kassovitz, un JC Van Damme et à un téléfilm de trois pesettes sur tieffouane, on choisit des « émissions » où ça parle. Le lundi soir sur Eurosport, c’est « Lundi Soir », une sorte de débat d’un nouveau genre : un ancien journaliste sportif dont j’ai oublié le nom (« Duthu », où quelque chose comme ça… appelons-le « le type ») reçoit autour d’une table triangulaire normalisée un sportif d’un côté et… un politique de l’autre (on est sur Eurosport, quand même). Hier soir, c’était l’under-communiquant Zidane face à l’over-communiqué Fabius. C’est un rituel hebdomadaire : le politique en quête de crédibilité et cherchant à travailler son capital sympathie auprès des beaufs en survêt vient montrer sa tronche à la tévé, face à un sportif qui n’est là que parce qu’il à rien d’autre à faire (une blessure empêche en ce moment Zidane de jouer).Et ça parle, mais chacun à sa manière : « le type » parle, Fabius parle, Zidane fait des « mmmm….moui…enfing, je veux direuh….peut-êtreuh ». Fabius répond par une pirouette à la question piège du « type » : « N’êtes-vous pas jaloux du fait que ZZ soit un meilleur ambassadeur que vous, les politiques : tous les gamins du monde ont son poster dans leur chambre » (Zinedine Zidane, est, rappelons-le, un Français leader mondial dans sa spécialité, un peu comme L’Oréal et Michelin). Toujours un grand moment de l’émission, vers la fin, quand « le type » demande au sportif trois séquences de TV qu’il a choisi de revoir : une image d’actualité, une image d’un autre sportif, une image de lui-même. Pour la première, je me souviens plus, pour la deuxième, Zidane à choisi Yannick Noah en vainqueur à Rolland Garros en 83, sur la chanson de Brel « Atteindre l’inaccessible étoile » : bon, d’accord. ZZ : « Noah, je m’en souviens, j’avais 11 ans, euh…c’était une sorte d’idoleuh… ». Fabius : « Tous les grands champions sont des gens très intelligents, Noah, c’est quelqu’un de très intelligent, comme tous les sportifs », dit-il d’un air entendu, son regard en direction de son désormais copain Zinedine. Ca dégouline le bon sentiment, ça suinte la démagogie, ça transpire le populisme, ça fait semblant de se comprendre, de s’apprécier : « je suis content quand il marque des buts », semble dire Fabius, « je suis content quand il est pas en prison », semble dire Zizou. Le sommet du pathétique est atteint avec la troisième séquence (l’image de lui-même) : Son accolade d’avec son « copain Dugarry », le 12 juillet, sur la chanson des Rembrants « I’ll be there for you » (musique du générique de l’émission Soit Dit En Passant), censée illustrer l’Amitié. « Le type », toujours en finesse : « Comment ça se fait, cette amitié, entre vous, une enfance sûrement difficile…La Castellane, tout ça… et Dugarry, c’est autre chose…à Bordeaux ». Le malheureux Zidane, qui se sent obligé de répondre à ce genre de questions, se confond en explications et s’emmêle les pinceaux. « Le type » et Fabius, veulent être gentils, tentent de l’aider, lui finissent ses phrases. Au programme la semaine prochaine : Douste-Blazy vs Laurent Fignon : j’en ai rêvé, Eurosport l’a fait. Pendant ce temps là, sur Freudeux, ça parle aussi. Mais d’autres choses. Mireille Dumas a décidé de rencontrer will-bes, wanna-bes et has-beens du show-business, tendance varièt’-chanson française (on est sur Fr2, quand même). Dumas, un œil sur le rétroviseur, l’autre sur l’Audimat, a choisi de ratisser large : des starlettes qui ratent l’Eurovision, des recordwomen de n° 2 (sic) du Top 50, une Sheila qui va « chanter » à Bordeaux (« Parce que je crois que mon public est en Province », écœurant), des figurants-chez-Pascal-Sevran (on découvre un nouveau métier, c’est bien) et une Lara Fabian qui va aux World Music Awards (?) à Monaco recevoir le prix du Benelux (??), mais qui annonce « je suis surtout très Italienne », surréaliste. Plus loin dans l’émission, Patrick Juvet (« où sont les fââââmmes ? ? ») vérifiera si ses disques sont toujours dans les bacs du Virgin Megastore, signera trois autographes, ira à la gym et finira la journée par un play-back ignoble dans un studio aux tentures bleues. Outre la caution solidaire de la mère (« je suis sûre que son come-back va marcher »), Juvet se présente en pantin consentant des majors (« ils m’ont dit que si mon tube de l’été faisait un bide, je pouvais pas sortir mon album à la rentrée, eh oui, madame Dumas, ça se passe comme ça de nos jours »). En fouille-merde ordinaire, Dumas aborde la « période sombre » de Juvet, qui répond « c’est ma maison de disque qui me fournissait la dope », sordide. Changement de décor : à New-York, l’équipe de Mireille Dumas rencontre l’ex-hippie de droite Julien Clerc, venu donné un concert pour on ne sait quelle action de charité, dans un genre de lycée français. On croise Etienne Roda-Gill et Renaud Séchan, obèses, venus voir leur pote Julien. Dans le public, de vieilles biques brandissent un poster du chanteur bouclé millésimé seventies, rigolo. Mais Mireille Dumas ne s’arrête pas là. Elle sort son arme secrète : le lamentable. Dans sa banlieue banalement misérable, Sandrine, 18 ans, rêve de devenir Céline Dion. Elle le dit, elle est prête à tout pour y arriver, elle a arrété ses études, plaqué un job chez Pizza Top. On l’observe en train de chanter à l’American Dream (qu’elle présente comme un cabaret-concert), devant un alignement de types venus voir des femmes à poil pour le prix d’une bière (je sais de quoi je parle, j’y suis déjà allé). Que pense la mère des ambitions de sa fille ? Elle est franchement contre (Dumas lui souffle) : « je suis en retrait… J’aime pas ce milieu, y boivent, y se droguent… ». Engueulade entre la mère et la fille devant les caméras de la télévision publique, obscène. Conclusion : Comme on l’aura compris, la télévision française va bien. Mireille Dumas, en tant que grande journaliste, va au fond des choses de l’information. Elle traite l’ordinaire et l’extraordinaire à sa manière, façon j’ai le peuple français dans les yeux. Elle maîtrise son sujet et elle nous rassure : à la question, posée en fil rouge de l’émission, de savoir qu’est-ce qui fait que ces gens là sont devenues des vedettes du music-hall, tous les Sheila, Juvet, Clerc répondent « je chantais devant la glace, je lisais Salut les Copains, je rêvait de l’Olympia, ma mère me disait que je serais chanteur ». Comme tout le monde, finalement. C’est tout pour aujourd’hui, la suite un autre jour. Merci de votre attention, |
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