MAGIC! : Comment
est né Soit dit en Passant?
Combien de collaborateurs êtes-vous / Vos "passés" respectifs?
Est-ce un travail à plein temps pour vous tous?
SDEP
: Au tout début SDEP était une émission quotidienne
sur Radio FMR à Toulouse (89.1 MHz / www.radio-fmr.net).
C'était à la rentrée
96. Alors, l'idée de faire une homepage sur le web pour l'émission
me paraissait naturel.
Tout est parti de là. L'émission
dans sa formule quotidienne a existé jusqu'au printemps 1998.
C'est à dire jusqu'à la fin de mes études. Au delà,
je n'ai plus eu un emploi du temps me permettant de passer mes après-midi
aux studios.
Comme à cette époque je bossais
dans un filiale du CNES, j'avais tous les outils, tous les accès
pour transposer toute cette activité sur le web.
Le site a pris alors une véritable
envergure, et le noyau dur de l'équipe a commencé à
se dessiner.
Le nombre de rédacteurs est assez
variable. On peut compter une demi-douzaine de réguliers,
et une bonne quinzaine en tout.
A l'origine l'équipe était
constituée de membres de la radio, de copains de lycée,
de rencontres faites dans la petite "popscene" toulousaine de 1996.
Au delà de SDEP on peut parler d'une sorte de collectif mêlant
artistes, vidéastes, musiciens, comédiens, producteurs...
Avec l'expansion du site et l'explosion
de notre "famille" hors de Toulouse, l'équipe s'est élargie
à la grâce de nouvelles rencontres, souvent électroniques.
Des contributeurs ont rejoint SDEP sans même que je les rencontre
physiquement. Même aujourd'hui c'est encore vrai pour certains.
MAGIC! : Comment l'identité
du site s’est-elle définie?
C'est très difficile de définir
l'identité du site, car l'évolution de SDEP a été
continue depuis sa création.
Le site n'a jamais connu de version 2. On
est toujours sur la version 1, revue, corrigée, updatée
sans cesse depuis 1996.
Je pense qu'on a développé
une identité, je la perçois maintenant, mais elle s'est
imposée d'elle même, d'un consensus passif né du
mélange des contributions de chacun.
Je ne crois pas tenir une ligne éditoriale
sévère, je n'ai jamais réécrit les textes
qui m'étaient soumis, jamais osée faire de suggestion,
de remarques sur le ton à employer.
Visuellement, l'identité de SDEP
s'est faite de façon encore plus empirique. N'étant pas
graphiste moi-même, il y a toujours un décalage énorme
entre ce que je voudrais produire et ce que je réalise. J'ajouterai
que je n'ai aucune perspective ni vue d'ensemble dans l'orientation
visuelle du site. Heureusement que j'ai des graphistes talentueux dans
mon entourage pour m'aider et produire des choses qui tiennent vraiment
la route.
MAGIC! : Le ton très humoristique
de ses différentes sections (notamment la radio) cache une rigueur
incroyable dans votre travail. Ce décalage vous amuse ?
Trouvez-vous que les médias "classiques" et notamment musicaux,
manquent de fantaisie ?
Je crois qu'on est incapable d'être sérieux. moi
en particulier.
A l'origine on faisait une émission
de radio déconne, actualité et libre antenne. Avec accessoirement
des infos musicales sérieuses dedans.
On a gardé cette habitude depuis.
Le ton humoristique tient également
beaucoup aux influences que je crois nous partageons. On a connus des
gens qui savait mêler rire et culture avec talent. Ca nous a donné
sinon le talent, l'envie de faire pareil. Les Enfants du Rock, De Caunes,
Nick Kent, Manoeuvre, Lester Bangs, Patrick Chabouté, le Muppet
Show, Saturday Nite Live, Wizman/Baer...
Après lorsque tu parles d'incroyable
rigueur tu me fais sourire, parce que je n'avais vraiment pas l'impression
que la rigueur pouvait nous caractériser.
Je crois qu'avant tout notre indépendance
se matérialise dans le luxe qu'on se paye de ne traiter QUE les
sujets qui nous tiennent vraiment à cœur. Et dans ces conditions
on n'a pas de mal à fouiller le sujet, à s'en passionner
et transmettre cette passion.
MAGIC! : Si tu devais trouver une
phrase pour résumer l’esprit du site ?
?
MAGIC! : Quelles sont les avantages
et les limites du support Internet ?
Les avantages sont énormes.
Le concept de parution devient inepte. tu
mets à jour en temps réel. avec un minimum d'assiduité
il est possible de coller à l'actualité au plus près.
le net permet une réactivité qu'aucun autre média
ne peut avoir, aucun.
On profite de nombreux nouveaux moyens de
communiquer. il n'y a pas UNE écriture multimédia, mais
des tonnes. Quand tu peux traiter un sujet en textes, sons, vidéos,
animations, graphismes et panacher le tout, tu peux vraiment proposer
une lecture différente de toutes celles proposées par
la presse traditionnelle.
Ceci dit, travailler le multimédia,
ça demande d'autant plus de temps. Alors fatalement, on a souvent
tendance à ne faire que du papier électronique.
Pour moi le principal avantage est notre
liberté ABSOLUE. On ne peut rêver mieux. J'ai un média
avec lequel je peux résolument faire ce que je veux. On peut
traiter le sujet qu'on veut quand on veut. Ignorer la sortie de n'importe
quelle pointure sur-rabâchée, ne jamais se prendre au sérieux,
se répandre sur des artistes qui n'ont aucune actualité
mais q'on adore, chroniquer un inconnu et le publier à coté
de Radiohead avec la même exposition.
Quand aux limites, elles sont plus inhérentes
au bénévolat.
SDEP n'est malheureusement un full time
job pour aucun d'entre nous. J'y passe tout de même beaucoup de
temps.
Le manque de temps et de moyens est le principal
frein. C'est une vérité qui reste hélas universelle
que soit pour le web, la radio libre ou le fanzine...
MAGIC! : Quels sont les obstacles
qui s’opposent à sa réalisation (je me pose notamment
la question pour les droits des titres diffusés,
et mp3 par ex) ?
En ce qui concerne les MP3, tous ceux proposés
le sont évidement avec l'accord des ayant droits. Selon les cas
il peut s'agir d'autorisations directes de l'artiste, ce fut notamment
le cas avec Frank Black, ou des négociations avec les labels.
Je sens un très net recul des réticences
des labels ou artistes à céder des titres en MP3.
Les gars commencent à concevoir
que la fuite de leur titres sur le net en MP3 est un phénomène
inexorable. Ils auront beau faire, il y aura toujours une source. On
a fermé Napster, ça n'a fait que grossir Kazaa
et Audiogalaxy ; on a fermé Audiogalaxy, Soulseek
enchaîne... C'est le bouclier et le glaive, à l'ère
numérique. Ca va très très vite. Dans ces conditions,
plutôt que la diffusion de MP3 soit un mal, autant faire en sorte
que ce soit un support de communication supplémentaire.
MAGIC! : Vous êtes régulièrement
présents sur les festivals : est-ce le meilleur moyen de capter
l'air du temps ? (sinon, quels autres moyens)
Les festivals, je ne sais pas si on y fait tant de découvertes
que ça. Certainement. Moi, j'ai plus l'impression d'y trouver
la confirmation ou l'infirmation de buzz, de hypes diverses.
Faut pas se leurrer, on y a beaucoup pour
voir des artistes qu'on ne verrait pas chez soi.
Moi je capte beaucoup par le net. encore.
le miracle du partage de fichiers. le peer 2 peer permet de satisfaire
une curiosité folle. Ecouter un rapidement un groupe sur lequel
on lu trois lignes par hasard, ou découvrir un artiste inconnu
cité dans une interview... c'est la grande classe.
Tout bien réfléchi, j'ai pris
des grandes claque en festival. OASIS en 95, je suis fan depuis leur
concert aux Eurockéennes.
Les Flaming Lips, c'est pareil, j'avait
beau être fan auparavant, l'idée que j'ai d'eux a définitivement
changé après les avoir vu sur scène.
MAGIC! : Quels sont tes festivals
préférés et pourquoi ?
J'aime beaucoup Benicassim, pour diverses raisons, mais
faut pas se raconter d'histoires : c'est un enfer.
Mon festival préféré
est définitivement la Route du Rock. J'adore la Bretagne.
ça aide. Et puis il y a une dimension humaine, une atmosphère
unique qui fait que le festival est incomparable. Personnellement, j'ai
vraiment l'impression d'être chez moi là-bas. On y est
quand même allé 7 fois de suite!
Ma principale déception de l'édition
2002 est que la traditionnelle conférence de presse SDEP n'a
pas eu lieu. Attention l'année prochaine, ça va être
terrible!
J'aime aussi beaucoup les festivals urbains
que sont les Trans ou le BAM, mais certainement aussi
parce que j'adore Rennes et Barcelone.
J'aimerais beaucoup y avoir des résidences
secondaires.
MAGIC! : Si tu devais parler de
façon globale, quelles sont les artistes sur lesquels vous êtes
tous d’accord ?De façon globale?
tu me renvoies à un obstacle que je n'avais pas cité.
L'éclatement de l'équipe : Toulouse, Paris, Washington,
Rouen, Londres... c'est bien, ça offre une quasi ubiquité,
mais freine forcement les échanges. E-mail ou pas. Pas moyen
d'aller boire des bières tous ensemble sur un coup de tête
et deux coups de bibop. C'est une des choses qui me frustre le plus.
Après le fait que les journée sont courtes. trop courtes
pour aller au bureau, et en plus faire vivre un site, et vivre soi aussi,
tout simplement.
J'ai du mal à parler au nom de tous,
mais j'ai l'impression que ceux qui ont vus RADIOHEAD cet été
ne sont pas encore réveillés. Que ceux qui se défendent
d'être fan d'Interpol mentent. Que DJ Shadow est dieu,
THE NOTWIST sont terribles, on veut danser sur encore plus d'electro
débile... le dernier Flaming Lips est merveilleux... le
dernier Radar Brother aussi.
MAGIC! : Derniers disques/films
appréciés ?
difficile à dire... j'ai écouté James
Yorkston and the Athletes cet après midi. très beau
disque. Je réécoute le Velvet, "Are you experienced"
d'Hendrix, "The cat" de Jimmy Smith/Lalo Schiffrin...
Je suis dingue d'un groupe francophone de Brooklyn : Les Sans Culottes,
ou les yé-yés au CBGB's, un vrai massacre!
et toujours le Brian Jonestown Massacre...
j'attends avec impatience le nouveau AS Dragon (ce que j'ai entendu
est terrible), le nouveau DANDY WARHOLS...
Les derniers MP3 publiés sur SDEP
sont de THE TEMPORARY THING, une grande baffe : quelque chose
que je n'avais pas ressenti depuis le premier Belle & Sebastian.
Sinon quand je travaille tard, je mets RIDE
à fond. Going blank again.
Niveau ciné, j'ai été
assez absent. L'auberge espagnole. c'était très
bien. Barcelone, forcement.
J'attends le nouveau Spielberg, j'aime
trop K. Dick pour rater ça.
et le nouveau court-métrage de Martin
Le Gall, "pompier" ; sortie entre bientôt et le festival de
Clermont-Ferrand 2003.
Je regrette de ne pas assister aux enregistrements
du Grand Mezzé, la nouvelle folie d'Edouard Baer.
Je regarde les Osbournes et Popstars
pour me consoler. Comme tout le monde.
MAGIC! : Tes sites préférés
et pourquoi ?
J'ai tellement de sites dans mes bookmarks que je ne les consulte
même plus.
Je passe beaucoup sur des groupes de discussion
Yahoo! traitant de tout, de rien et plus encore.
www.clubsandwich.com
est un magnifique meta-magazine de la génération web.
www.d-i-r-t-y.com
ont une url impossible à taper mais le site est lui aussi un
magazine musical and more très riche.
www.anonymes.net
un site d'artistes : expérimental, graphique et élégant.
la classe. belle réflexion collective sur l'interactivité
et la narration électronique.
le prochain John Woo est français
:
www.lopeprod.fr.st
Mais mes préférences changent
chaque jour.
MAGIC! : Anything to add ?
Je suis salarié de la webagency MAGELIS, où
on trouve aussi de l'énergie pour animer de p'tits mickeys en
flash:
alt.magelis.com
Le reste de mon activité consiste
à VeeJayer sous l'identité VJ Kokosnoot avec Tampopo,
signature française chez International DJ Gigolos et inventeur
sur son SUMO de HOUSE!
www.sumodehouse.com
et j'ai récemment acheté
http://www.brianjonestownmassacre.com
voilà. sinon ça va?
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