Une Interview avec MAGIC!,
Paris/Toulouse, Septembre 2002
propos reccueillis par
Estelle Chardac @ MAGIC!
         
 
En Octobre 2002, nos amis de MAGIC! ont été assez bons pour nous accorder une nouvelle exposition massive dans leurs pages - cette fois sous forme d'interview.
Pour des raisons évidentes, l'édition 65 du magazine pop moderne ne reprend qu'une partie des propos échangé ; voici l'intégralité de l'entretien.
For your eyes only!


 

MAGIC! : Comment est né Soit dit en Passant?
Combien de collaborateurs êtes-vous / Vos "passés" respectifs?
Est-ce un travail à plein temps pour vous tous?

SDEP : Au tout début SDEP était une émission quotidienne sur Radio FMR à Toulouse (89.1 MHz / www.radio-fmr.net).
C'était à la rentrée 96. Alors, l'idée de faire une homepage sur le web pour l'émission me paraissait naturel.
Tout est parti de là. L'émission dans sa formule quotidienne a existé jusqu'au printemps 1998. C'est à dire jusqu'à la fin de mes études. Au delà, je n'ai plus eu un emploi du temps me permettant de passer mes après-midi aux studios.
Comme à cette époque je bossais dans un filiale du CNES, j'avais tous les outils, tous les accès pour transposer toute cette activité sur le web.
Le site a pris alors une véritable envergure, et le noyau dur de l'équipe a commencé à se dessiner.

Le nombre de rédacteurs est assez variable. On peut compter une demi-douzaine de réguliers,  et une bonne quinzaine en tout.
A l'origine l'équipe était constituée de membres de la radio, de copains de lycée, de rencontres faites dans la petite "popscene" toulousaine de 1996. Au delà de SDEP on peut parler d'une sorte de collectif mêlant artistes, vidéastes, musiciens, comédiens, producteurs...
Avec l'expansion du site et l'explosion de notre "famille" hors de Toulouse, l'équipe s'est élargie à la grâce de nouvelles rencontres, souvent électroniques.  Des contributeurs ont rejoint SDEP sans même que je les rencontre physiquement. Même aujourd'hui c'est encore vrai pour certains.

 

MAGIC! : Comment l'identité du site s’est-elle définie?
C'est très difficile de définir l'identité du site, car l'évolution de SDEP a été continue depuis sa création.
Le site n'a jamais connu de version 2. On est toujours sur la version 1, revue, corrigée, updatée sans cesse depuis 1996.
Je pense qu'on a développé une identité, je la perçois maintenant, mais elle s'est imposée d'elle même, d'un consensus passif né du mélange des contributions de chacun.
Je ne crois pas tenir une ligne éditoriale sévère, je n'ai jamais réécrit les textes qui m'étaient soumis, jamais osée faire de suggestion, de remarques sur le ton à employer.
Visuellement, l'identité de SDEP s'est faite de façon encore plus empirique. N'étant pas graphiste moi-même, il y a toujours un décalage énorme entre ce que je voudrais produire et ce que je réalise. J'ajouterai que je n'ai aucune perspective ni vue d'ensemble dans l'orientation visuelle du site. Heureusement que j'ai des graphistes talentueux dans mon entourage pour m'aider et produire des choses qui tiennent vraiment la route.

MAGIC! : Le ton très humoristique de ses différentes sections (notamment la radio) cache une rigueur incroyable dans votre travail. Ce décalage vous amuse ? Trouvez-vous que les médias "classiques" et notamment musicaux, manquent de fantaisie ?
Je crois qu'on est incapable d'être sérieux. moi en particulier.

A l'origine on faisait une émission de radio déconne, actualité et libre antenne. Avec accessoirement des infos musicales sérieuses dedans.
On a gardé cette habitude depuis.
Le ton humoristique tient également beaucoup aux influences que je crois nous partageons. On a connus des gens qui savait mêler rire et culture avec talent. Ca nous a donné sinon le talent, l'envie de faire pareil. Les Enfants du Rock, De Caunes, Nick Kent, Manoeuvre, Lester Bangs, Patrick Chabouté, le Muppet Show, Saturday Nite Live, Wizman/Baer...
Après lorsque tu parles d'incroyable rigueur tu me fais sourire, parce que je n'avais vraiment pas l'impression que la rigueur pouvait nous caractériser.
Je crois qu'avant tout notre indépendance se matérialise dans le luxe qu'on se paye de ne traiter QUE les sujets qui nous tiennent vraiment à cœur. Et dans ces conditions on n'a pas de mal à fouiller le sujet, à s'en passionner et transmettre cette passion.

MAGIC! : Si tu devais trouver une phrase pour résumer l’esprit du site ?
?

MAGIC! : Quelles sont les avantages et les limites du support Internet ?
Les avantages sont énormes.
Le concept de parution devient inepte. tu mets à jour en temps réel. avec un minimum d'assiduité il est possible de coller à l'actualité au plus près. le net permet une réactivité qu'aucun autre média ne peut avoir, aucun.
On profite de nombreux nouveaux moyens de communiquer. il n'y a pas UNE écriture multimédia, mais des tonnes. Quand tu peux traiter un sujet en textes,  sons, vidéos, animations, graphismes et panacher le tout, tu peux vraiment proposer une lecture différente de toutes celles proposées par la presse traditionnelle.
Ceci dit, travailler le multimédia, ça demande d'autant plus de temps. Alors fatalement, on a souvent tendance à ne faire que du papier électronique.
Pour moi le principal avantage est notre liberté ABSOLUE. On ne peut rêver mieux. J'ai un média avec lequel je peux résolument faire ce que je veux. On peut traiter le sujet qu'on veut quand on veut. Ignorer la sortie de n'importe quelle pointure sur-rabâchée, ne jamais se prendre au sérieux, se répandre sur des artistes qui n'ont aucune actualité mais q'on adore, chroniquer un inconnu et le publier à coté de Radiohead avec la même exposition.
Quand aux limites, elles sont plus inhérentes au bénévolat.
SDEP n'est malheureusement un full time job pour aucun d'entre nous. J'y passe tout de même beaucoup de temps.
Le manque de temps et de moyens est le principal frein. C'est une vérité qui reste hélas universelle que soit pour le web, la radio libre ou le fanzine...  

MAGIC! : Quels sont les obstacles qui s’opposent à sa réalisation (je me pose notamment la question pour les droits des titres diffusés,    et mp3 par ex) ?
En ce qui concerne les MP3, tous ceux proposés le sont évidement avec l'accord des ayant droits. Selon les cas il peut s'agir d'autorisations directes de l'artiste, ce fut notamment le cas avec Frank Black, ou des négociations avec les labels.
Je sens un très net recul des réticences des labels  ou artistes à céder des titres en MP3.
Les gars commencent  à concevoir que la fuite de leur titres sur le net en MP3 est un phénomène inexorable. Ils auront beau faire, il y aura toujours une source. On a fermé Napster, ça n'a fait que grossir Kazaa et Audiogalaxy ; on a fermé Audiogalaxy, Soulseek enchaîne... C'est le bouclier et le glaive, à l'ère numérique. Ca va très très vite. Dans ces conditions, plutôt que la diffusion de MP3 soit un mal, autant faire en sorte que ce soit un support de communication supplémentaire.

MAGIC! : Vous êtes régulièrement présents sur les festivals : est-ce le meilleur moyen de capter l'air du temps ? (sinon, quels autres moyens)
Les festivals, je ne sais pas si on y fait tant de découvertes que ça. Certainement. Moi, j'ai plus l'impression d'y trouver la confirmation ou l'infirmation de buzz, de hypes diverses.

Faut pas se leurrer, on y a beaucoup pour voir des artistes qu'on ne verrait pas chez soi.
Moi je capte beaucoup par le net. encore. le miracle du partage de fichiers. le peer 2 peer permet de satisfaire une curiosité folle. Ecouter un rapidement un groupe sur lequel on lu trois lignes par hasard, ou découvrir un artiste inconnu cité dans une interview... c'est la grande classe.
Tout bien réfléchi, j'ai pris des grandes claque en festival. OASIS en 95, je suis fan depuis leur concert aux Eurockéennes.
Les Flaming Lips, c'est pareil, j'avait beau être fan auparavant, l'idée que j'ai d'eux a définitivement changé après les avoir vu sur scène.    

MAGIC! : Quels sont tes festivals préférés et pourquoi ?
J'aime beaucoup Benicassim, pour diverses raisons, mais faut pas se raconter d'histoires : c'est un enfer.

Mon festival préféré est définitivement la Route du Rock. J'adore la Bretagne. ça aide. Et puis il y a une dimension humaine, une atmosphère unique qui fait que le festival est incomparable. Personnellement, j'ai vraiment l'impression d'être chez moi là-bas. On y est quand même allé 7 fois de suite!
Ma principale déception de l'édition 2002 est que la traditionnelle conférence de presse SDEP n'a pas eu lieu. Attention l'année prochaine, ça va être terrible!
J'aime aussi beaucoup les festivals urbains que sont les Trans ou le BAM, mais certainement aussi parce que j'adore Rennes et Barcelone.
J'aimerais beaucoup y avoir des résidences secondaires.

MAGIC! : Si tu devais parler de façon globale, quelles sont les artistes sur lesquels vous êtes tous d’accord ?De façon globale?
tu me renvoies à un obstacle que je n'avais pas cité. L'éclatement de l'équipe : Toulouse, Paris, Washington, Rouen, Londres... c'est bien, ça offre une quasi ubiquité, mais freine forcement les échanges. E-mail ou pas. Pas moyen d'aller boire des bières tous ensemble sur un coup de tête et deux coups de bibop. C'est une des choses qui me frustre le plus. Après le fait que les journée sont courtes. trop courtes pour aller au bureau, et en plus faire vivre un site, et vivre soi aussi, tout simplement.

J'ai du mal à parler au nom de tous, mais j'ai l'impression que ceux qui ont vus RADIOHEAD cet été ne sont pas encore réveillés. Que ceux qui se défendent d'être fan d'Interpol mentent. Que DJ Shadow est dieu, THE NOTWIST sont terribles, on veut danser sur encore plus d'electro débile... le dernier Flaming Lips est merveilleux... le dernier Radar Brother aussi.    

MAGIC! : Derniers disques/films appréciés ?
difficile à dire... j'ai écouté James Yorkston and the Athletes cet après midi. très beau disque. Je réécoute le Velvet, "Are you experienced" d'Hendrix, "The cat" de Jimmy Smith/Lalo Schiffrin... Je suis dingue d'un groupe francophone de Brooklyn : Les Sans Culottes, ou les yé-yés au CBGB's, un vrai massacre!

et toujours le Brian Jonestown Massacre... j'attends avec impatience le nouveau AS Dragon (ce que j'ai entendu est terrible), le nouveau DANDY WARHOLS...
Les derniers MP3 publiés sur SDEP sont de THE TEMPORARY THING, une grande baffe : quelque chose que je n'avais pas ressenti depuis le premier Belle & Sebastian.
Sinon quand je travaille tard, je mets RIDE à fond. Going blank again.

Niveau ciné, j'ai été assez absent. L'auberge espagnole. c'était très bien. Barcelone, forcement.
J'attends le nouveau Spielberg, j'aime trop K. Dick pour rater ça.
et le nouveau court-métrage de Martin Le Gall, "pompier" ; sortie entre bientôt et le festival de Clermont-Ferrand 2003.
Je regrette de ne pas assister aux enregistrements du Grand Mezzé, la nouvelle folie d'Edouard Baer.
Je regarde les Osbournes et Popstars pour me consoler. Comme tout le monde.

MAGIC! : Tes sites préférés et pourquoi ?
J'ai tellement de sites dans mes bookmarks que je ne les consulte même plus.

Je passe beaucoup sur des groupes de discussion Yahoo! traitant de tout, de rien et plus encore.
www.clubsandwich.com est un magnifique meta-magazine de la génération web.
www.d-i-r-t-y.com ont une url impossible à taper mais le site est lui aussi un magazine musical and more très riche.
www.anonymes.net un site d'artistes : expérimental, graphique et élégant. la classe. belle réflexion collective sur l'interactivité et la narration électronique.
le prochain John Woo est français :
www.lopeprod.fr.st
Mais mes préférences changent chaque jour.

MAGIC! : Anything to add ?
Je suis salarié de la webagency MAGELIS, où on trouve aussi de l'énergie pour animer de p'tits mickeys en flash:

alt.magelis.com
Le reste de mon activité consiste à VeeJayer sous l'identité VJ Kokosnoot avec Tampopo, signature française chez International DJ Gigolos et inventeur sur son SUMO de HOUSE!
www.sumodehouse.com
et j'ai récemment acheté
http://www.brianjonestownmassacre.com

voilà. sinon ça va?  

 

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